Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a fermement écarté, lundi 15 juillet, toute idée de mésentente avec son Premier ministre Ousmane Sonko. Intervenant publiquement après des propos critiques tenus par ce dernier, il a affirmé qu’aucun différend n’existait entre eux, insistant sur leur engagement commun à répondre aux attentes des Sénégalais.
Les déclarations de Sonko, faites le vendredi précédent, avaient pourtant jeté le trouble. Il avait notamment réclamé plus de fermeté de la part du président et dénoncé les attaques dont il faisait l’objet, dans un contexte où certains chroniqueurs, perçus comme proches du pouvoir, l’accusent d’excès de radicalité. Ces propos avaient été interprétés par certains observateurs comme le signe de tensions internes à la tête de l’État.
Ce n’est pas la première fois que des doutes surgissent sur l’équilibre de la cohabitation inédite entre les deux figures du Pastef. Fondateur du parti et principal opposant à Macky Sall jusqu’à son arrestation, Sonko avait désigné Diomaye Faye comme candidat pour la présidentielle de 2024, empêché lui-même de concourir. Une stratégie gagnante, puisque Faye l’a emporté dès le premier tour. Mais cette alliance repose autant sur la loyauté que sur un rapport de force mouvant, ce qui en rend la stabilité sujette à spéculations.
En recevant le rapport du Dialogue national sur le système politique, Diomaye a profité de l’occasion pour rappeler que l’essentiel résidait ailleurs. « Le seul combat qui vaille est celui contre les difficultés que les Sénégalais endurent », a-t-il lancé. Il a appelé à l’unité et à la solidarité gouvernementale face aux défis économiques, sociaux et institutionnels qui s’accumulent depuis la transition.
Cette sortie vise aussi à contenir les tensions à un moment délicat. Le pouvoir fait face à de fortes attentes en matière de réforme de la justice, de gouvernance et de redressement économique. Toute instabilité perçue, même symbolique, fragilise la légitimité d’un pouvoir encore jeune, qui doit transformer des promesses de rupture en résultats concrets.
Dans les cercles du Pastef, certains craignent que le duo Sonko-Diomaye ne s’essouffle à mesure que les logiques de parti cèdent le pas aux impératifs de l’exercice du pouvoir. D’autres y voient au contraire une division du travail : Diomaye comme figure de stabilité institutionnelle, Sonko comme aiguillon populaire. Reste à savoir combien de temps cet équilibre tiendra sans que les ambitions ne prennent le dessus.