Le 1er juillet, la France a officiellement rétrocédé à l’armée sénégalaise la base de Rufisque, ex-station d’écoute militaire située à une trentaine de kilomètres au sud de Dakar. Il s’agit de la quatrième installation militaire française remise au Sénégal depuis mars 2025, dans le cadre d’un désengagement progressif et planifié des forces françaises du pays.
La remise de la base s’est faite sans cérémonie, par une simple signature de procès-verbal, dans la lignée des précédentes rétrocessions. La vingtaine de militaires français qui y étaient encore stationnés ont quitté les lieux quelques jours avant l’acte officiel. Utilisée depuis l’indépendance pour les communications navales françaises sur l’Atlantique, la station de Rufisque perd ainsi sa fonction stratégique au profit des autorités sénégalaises.
Depuis 1960, la présence militaire française au Sénégal s’est maintenue à travers plusieurs emprises, symboles d’une coopération sécuritaire post-coloniale. En janvier 2025, environ 250 soldats français étaient encore basés de manière permanente dans le pays. Ce processus de retrait s’inscrit dans une volonté partagée de redéfinir les relations bilatérales sur de nouvelles bases, moins marquées par l’héritage militaire.
Le retrait final des troupes françaises devrait s’achever le 18 juillet avec la restitution des deux dernières bases : celle de l’aéroport et le camp Geille à Ouakam, une zone stratégique de cinq hectares au cœur de Dakar. Contrairement aux précédentes, cette dernière phase donnera lieu à une cérémonie militaire officielle. Quatre villas situées dans le quartier du Plateau seront également remises aux autorités sénégalaises.
Cette série de rétrocessions marque non seulement la fin d’un cycle, mais aussi un tournant dans la posture sécuritaire du Sénégal. La réappropriation de ces infrastructures ouvre la voie à un redéploiement des forces nationales sur des sites stratégiques. Elle pourrait aussi redonner du poids au discours souverainiste grandissant dans une région marquée par une remise en question de la présence militaire étrangère.
Ce retrait s’inscrit dans un contexte régional de reconfiguration des partenariats militaires. Après le départ des forces françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger, le cas sénégalais, quoique moins conflictuel, participe du même mouvement. Il reflète une volonté croissante des pays africains de reprendre le contrôle de leur appareil de défense et de réévaluer les cadres de coopération sécuritaire avec les anciennes puissances coloniales.