Procès de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko : Un mandat de dépôt prononcé, l’éligibilité pour la présidentielle de 2024 reste en suspens.
Lundi dernier, Ousmane Sonko, chef du parti politique Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), a été inculpé et placé sous mandat de dépôt à l’issue de son face-à-face avec le juge d’instruction. Cette mesure fait suite à son arrestation vendredi dernier, qui avait été déclenchée par un incident avec une dame gendarme devant son domicile dakarois. Son avocat, Clédor Ciré Ly, a expliqué qu’ils étaient partis d’une accusation de vol d’un téléphone portable pour finalement le confronter à huit chefs d’accusation, dont celui d’appel à l’insurrection.
Des accusations lourdes et contestées
Parmi les charges qui pèsent sur l’opposant, figurent des faits graves tels que l’association de malfaiteurs, l’atteinte à la sûreté de l’État, le complot contre l’autorité de l’État, les actes et manœuvres visant à compromettre la sécurité publique, l’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et la diffusion de fausses nouvelles. Le procureur de la République avait souligné que ces déclarations reprochées à Ousmane Sonko avaient été enregistrées entre mars 2021 et juin 2023.
Une éligibilité en suspens pour la présidentielle de 2024
L’avocat Clédor Ciré Ly considère cette procédure comme un nouvel élément visant à bloquer la candidature de son client pour la présidentielle de 2024. Néanmoins, il affirme qu’Ousmane Sonko reste éligible malgré cette situation. Selon la loi, son arrestation de vendredi anéantit automatiquement la décision de contumace, le rendant ainsi électeur et éligible. Le constitutionnaliste Babacar Gaye est du même avis, soulignant que si l’opposant n’est pas jugé avant l’élection présidentielle, il restera candidat.
Le procureur de la République, quant à lui, a tenu à préciser lors de son point de presse que les deux affaires, celle ayant entraîné le mandat de dépôt et celle précédente ayant abouti à une condamnation par contumace à une peine de 2 ans de prison ferme, ne sont nullement liées. La défense d’Ousmane Sonko demande, par ailleurs, que le procès dans l’affaire de viol et menace de mort, à l’origine de sa condamnation, soit repris.