Tardo, ville carrefour de la province du Hiiran, est tombée le 13 juillet entre les mains des islamistes shebabs, marquant une nouvelle avancée dans leur offensive menée depuis le début de l’année.
Le groupe jihadiste al-Shebab a pris sans résistance la ville de Tardo, située à un point névralgique de la Somalie centrale. Carrefour de plusieurs routes importantes, cette localité pourrait servir de base logistique pour leurs prochaines offensives dans la région. C’est un revers sérieux pour les forces pro-gouvernementales qui, depuis deux ans, tentaient de sécuriser la zone avec l’appui de milices locales.
Selon une source militaire citée par l’agence Reuters, les combattants shebabs ont expulsé les Macwiisely, un groupe d’auto-défense local qui avait joué un rôle clé dans la reconquête de plusieurs territoires entre 2022 et 2023. L’armée somalienne aurait dépêché une centaine de soldats pour épauler les miliciens en vue d’une contre-offensive. Pour l’heure, les islamistes affirment avoir pris la ville sans rencontrer d’opposition.
Cette reprise de terrain intervient dans un contexte de regain de violence. Depuis janvier 2025, les attaques des shebabs se sont intensifiées dans les régions du centre et du sud, alors qu’ils avaient subi d’importants revers ces deux dernières années. L’objectif stratégique semble clair : établir un corridor entre leurs bastions du sud et les positions reconquises dans le centre, afin de consolider leur emprise territoriale et relancer leur dynamique militaire.
Le cas de Tardo n’est pas isolé. Une semaine plus tôt, les jihadistes s’étaient déjà emparés de Muqokori, poussant des milliers de civils à fuir. Cette série de prises rapides témoigne d’une capacité de projection retrouvée du groupe, qui profite manifestement des failles dans le dispositif sécuritaire somalien, affaibli par le désengagement progressif de la mission de l’Union africaine (ATMIS) et le manque de coordination entre milices locales et troupes régulières.
À moyen terme, la reconquête de ces localités par les shebabs pourrait mettre en péril les efforts engagés par le gouvernement fédéral pour stabiliser le centre du pays. Les conséquences humanitaires sont déjà visibles avec des déplacements massifs de population. Et sur le plan politique, cette percée jihadiste affaiblit la crédibilité des autorités de Mogadiscio, à l’approche d’échéances électorales régionales sensibles.