Le 11 mars 2025, une annonce de Muhoozi Kainerugaba, le chef des forces armées ougandaises, a semé la confusion sur la scène internationale. Selon lui, l’Ouganda aurait envoyé des forces spéciales à Juba, la capitale sud-soudanaise, dans le but de sécuriser la ville. Cependant, cette déclaration a été fermement démentie par le gouvernement sud-soudanais, créant un climat de doute sur les véritables intentions de Kampala.
L’armée ougandaise a rapidement clarifié la nature de cette mission, affirmant qu’il ne s’agissait pas d’une opération de maintien de la paix, mais d’une intervention pour stabiliser la situation à Juba. Le déploiement aurait eu lieu deux jours avant l’annonce officielle et visait à protéger à la fois les ressortissants ougandais et étrangers présents dans la capitale. Ce soutien militaire arrive dans un contexte de tensions croissantes au Soudan du Sud, où des arrestations politiques et des affrontements violents ont ravivé les inquiétudes internationales.
Le Soudan du Sud, en proie à une guerre civile dévastatrice depuis 2013, tente encore de se relever de la violence ayant coûté la vie à près de 400 000 personnes. L’accord de paix de 2018, signé entre le gouvernement de Salva Kiir et les rebelles de Riek Machar, était censé mettre fin à cinq ans de conflits. Toutefois, les tensions restent vives, exacerbées par les arrestations de personnalités politiques proches de Machar, et les combats qui persistent dans certaines régions, comme l’État du Haut-Nil.
L’alignement de l’Ouganda avec le président Salva Kiir soulève des questions. Muhoozi Kainerugaba a récemment exprimé un soutien explicite à Kiir, déclarant que toute attaque contre le président sud-soudanais serait considérée comme une déclaration de guerre par son pays. Ce soutien militaire public, bien que symbolique, contraste avec la position officielle de Juba, qui a nié toute présence de troupes ougandaises sur son territoire. Ce climat de confusion soulève de nombreuses interrogations sur la nature et les objectifs réels de cette intervention.
La question de l’ingérence étrangère est un point sensible dans les relations entre le Soudan du Sud et ses voisins. L’Ouganda, déjà impliqué militairement dans les crises de 2013 et 2016, est accusé de vouloir peser davantage sur les affaires intérieures du pays. Cette implication pourrait avoir des répercussions dramatiques sur la stabilité fragile de l’accord de paix de 2018, d’autant plus que l’ONU s’inquiète d’un potentiel effondrement de cet accord. La communauté internationale redoute que la situation ne se détériore encore davantage, menaçant de replonger le pays dans un cycle de violence.
L’incertitude entourant les véritables motivations de l’Ouganda laisse planer une ombre sur l’avenir du Soudan du Sud. Si la mission de stabilisation se confirme, elle pourrait, paradoxalement, accentuer les tensions internes du pays. La position de l’ONU, alarmée par la situation, et celle de l’IGAD, qui se réunit pour discuter des prochains développements, sont des signaux forts. Cependant, la communauté internationale doit agir rapidement pour éviter une nouvelle escalade des violences, et, si possible, renforcer les mécanismes de paix déjà fragiles.
Sur le terrain, les observateurs internationaux et les acteurs locaux expriment des préoccupations croissantes. Alors que l’ONU et l’IGAD surveillent de près l’évolution de la situation, des témoins rapportent une inquiétude croissante parmi les civils, pris entre les différents acteurs militaires et les tensions politiques. Les Sud-Soudanais, déjà marqués par des années de guerre civile, craignent que cette nouvelle intervention militaire ne fasse qu’ajouter à un climat d’incertitude et de méfiance généralisée.