Le Soudan du Sud est secoué par une vive indignation après la décision des autorités de suspendre les réseaux sociaux pour une durée initiale de 30 jours. L’Autorité nationale des communications a annoncé cette mesure le 22 janvier, invoquant la propagation de contenus violents ayant alimenté les tensions communautaires à Djouba.
Selon les autorités, des vidéos montrant des Sud-Soudanais assassinés au-delà de la frontière ont circulé sur Internet, déclenchant des violences dans la capitale. Dans un communiqué, l’Autorité nationale des communications justifie cette décision comme nécessaire pour limiter la diffusion de violences « sans précédent ». Elle assure que cette suspension ne dépassera pas trois mois et qu’elle pourrait être levée dès que la situation sera maîtrisée.
Cette décision intervient dans un climat politique fragile où les critiques envers le gouvernement se sont intensifiées sur les plateformes numériques. En décembre, Peter Lam Both, secrétaire général du SPLM (parti au pouvoir), avait déjà menacé de fermer les réseaux sociaux en réponse à des attaques virulentes contre le parti. Cette mesure actuelle s’inscrit donc dans une tendance perçue par certains comme une restriction des libertés publiques.
De nombreuses voix s’élèvent contre cette suspension. Edmund Yakani, président de la CEPO, critique une décision « disproportionnée », suggérant que seules les publications incitant à la haine auraient dû être ciblées. La Coalition du peuple pour l’Action civique accuse quant à elle le gouvernement de vouloir « museler la dissidence » et d’étouffer les opinions divergentes sous prétexte de sécurité.
La société civile s’inquiète de l’impact d’une telle mesure sur les libertés fondamentales et la capacité des citoyens à communiquer dans un pays où les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans la circulation de l’information. Certains estiment que cette suspension pourrait créer un précédent dangereux, renforçant l’autoritarisme dans une région déjà marquée par des tensions politiques et sociales.
Alors que le gouvernement affirme vouloir protéger la population, la mesure pourrait exacerber le mécontentement populaire et entacher davantage la crédibilité des autorités. Les observateurs appellent à des solutions équilibrées pour contenir les tensions sans compromettre les libertés fondamentales. L’avenir proche dira si cette suspension sera un acte isolé ou le début d’un contrôle renforcé des voix dissidentes.