Le Premier ministre soudanais, Kamel Idriss, s’est rendu pour la première fois à Khartoum les 18 et 19 juillet, depuis sa nomination en mai dernier. Une visite hautement symbolique dans une capitale détruite par deux ans de guerre, où il a promis un plan de reconstruction ambitieux pour permettre le retour progressif des habitants et des institutions.
Pendant deux jours, Kamel Idriss a inspecté plusieurs sites névralgiques : l’aéroport international, le palais présidentiel et le quartier général de l’armée, tous lourdement endommagés par les combats. Un communiqué officiel précise que cette visite visait à évaluer les dégâts pour orienter les travaux de réhabilitation. Le Premier ministre a présenté un ensemble de projets pour relancer les infrastructures de Khartoum, aujourd’hui quasiment inhabitable, en insistant sur le nécessaire retour de la population.
Depuis le début du conflit en avril 2023 entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide (FSR) de Mohamed Hamdane Daglo, Khartoum est devenue un champ de ruines. Le gouvernement s’est installé à Port-Soudan, à l’est du pays, et tente désormais d’organiser le retour progressif des ministères dans la capitale. Des opérations d’enfouissement de corps, de déminage et de réactivation des services administratifs sont en cours, dans un contexte de grande instabilité.
La visite de Kamel Idriss a également inclus un déplacement à la raffinerie d’Al-Jaili, au nord de Khartoum. Ancien pilier de l’économie nationale, elle a été reprise par l’armée en janvier mais est aujourd’hui calcinée. D’après les estimations officielles, sa remise en service nécessitera plusieurs années et un investissement d’au moins 1,3 milliard de dollars. Une somme considérable dans un pays au bord de l’effondrement économique.
La nomination de Kamel Idriss, diplomate chevronné et ex-haut responsable onusien, par le général al-Burhan, s’inscrit dans une tentative de redonner une façade civile à un pouvoir toujours dominé par l’armée. Qualifié de « gouvernement de l’espoir », ce cabinet reste néanmoins largement contesté, dans un pays où les lignes de front militaires croisent des clivages politiques et ethniques profonds. La reconstruction de Khartoum, au-delà des infrastructures, dépendra donc aussi de la capacité de l’exécutif à restaurer la paix et la légitimité.