Ce lundi, les autorités soudanaises ont accusé les Émirats arabes unis et le Tchad d’une implication “directe et claire” dans le conflit opposant les Forces de soutien rapide (FSR) à l’armée nationale. Selon Khartoum, ces pays auraient fourni des drones sophistiqués aux FSR, ce qui a intensifié la guerre en cours depuis avril 2023. Le ministère de la Défense soudanais n’exclut pas de riposter à cette ingérence étrangère.
Lors d’une conférence de presse tenue à Port-Soudan, le ministère de la Défense a expliqué que les drones utilisés par les FSR avaient été assemblés à Abou Dhabi, puis envoyés au Tchad avant d’être lancés depuis un aéroport près de la frontière. Le 24 novembre, ces drones ont attaqué des positions de l’armée soudanaise à Omdourman, en utilisant des missiles guidés par satellite. Depuis, des attaques similaires ont eu lieu à Khartoum et El-Fasher, aggravant la crise humanitaire.
Ce n’est pas la première fois que Khartoum accuse les Émirats et le Tchad de s’ingérer dans le conflit soudanais. Les Émirats ont souvent été mis en cause dans des rapports de l’ONU, mais ils ont toujours nié leur implication. Cependant, la découverte de drones fabriqués en République tchèque et assemblés aux Émirats, puis utilisés sur le terrain, soulève de sérieuses préoccupations concernant la poursuite du conflit et la stabilité de la région.
Les responsables soudanais considèrent ces actions comme des “actes hostiles” et ont affirmé qu’ils pourraient y répondre “au moment opportun”. Le ministre de la Défense, Yassin Ibrahim Yassin, a indiqué que l’implication étrangère ne fait qu’augmenter la souffrance du peuple soudanais. Les FSR ont même utilisé des drones kamikazes dans des zones qui avaient été épargnées jusqu’à présent, comme Meroë et Shendi, démontrant leur volonté d’étendre le conflit à l’ensemble du territoire soudanais.
Le 1er décembre, les forces soudanaises ont annoncé avoir intercepté plusieurs drones porteurs de missiles près de Nyala, dans la région du Darfour. Ces drones, appelés Danger Propellers, étaient en route vers le centre du Soudan pour soutenir les attaques des FSR. Les images de l’opération montrent un important arsenal, confirmant les accusations de Khartoum contre le Tchad et les Émirats.
En plus des drones stratégiques, les FSR ont commencé à utiliser des drones kamikazes, ce qui inquiète encore davantage les autorités soudanaises. Ces attaques fréquentes contre des villes jusque-là épargnées montrent une volonté de déstabilisation accrue. Après près de deux ans de guerre, le Soudan est confronté à la menace d’une propagation du conflit, et les accusations entre Khartoum, le Tchad et les Émirats risquent de compliquer davantage la recherche d’une solution pacifique.