Aisha Machano, porte-parole de l’aile féminine du parti d’opposition Chadema, a été enlevée et torturée le 19 octobre à Kibiti. Cet incident marque une nouvelle étape inquiétante dans la répression, qui semble désormais viser spécifiquement les femmes militantes. Elle a été retrouvée grièvement blessée par des chauffeurs de motos-taxis, après avoir été enlevée par des hommes en civil se faisant passer pour des policiers.
Samedi dernier, à Kibiti, dans l’est de la Tanzanie, Aisha Machano a été kidnappée par ces hommes en civil, puis emmenée dans une forêt. Selon son témoignage, elle y a été torturée et déshabillée avant d’être abandonnée. Le parti Chadema a déclaré sur le réseau social X que des motards l’ont retrouvée dans un état critique, épuisée et souffrante. La police a affirmé avoir ouvert une enquête, sans toutefois donner plus de détails sur les suspects.
Cette attaque semble être liée à une manifestation récente organisée par l’aile féminine du parti Chadema. Lors de cet événement, les femmes ont brûlé un tissu offert par la présidente Samia Suluhu Hassan, en signe de protestation contre les disparitions forcées de certains membres de leur parti. En tant que leader de cette mobilisation, Aisha a été particulièrement ciblée. Catherine Ruge, une autre membre de Chadema, a expliqué que les ravisseurs ont tenté de lui soutirer les noms des organisateurs. Aisha a refusé de coopérer, affirmant que cette manifestation était une action collective de toutes les femmes du parti.
Ce kidnapping s’inscrit dans un contexte de répression croissante contre les activistes politiques en Tanzanie. Depuis que Samia Suluhu Hassan est devenue présidente en mars 2021, il y avait initialement des signes d’ouverture, tels que la réouverture de certains médias. Cependant, ces derniers mois, elle est accusée de revenir à des pratiques autoritaires, similaires à celles de son prédécesseur John Magufuli, en particulier à l’approche des élections locales de novembre et des élections générales prévues pour 2025.
Pour Catherine Ruge, cet incident montre une contradiction frappante. “Nous sommes gouvernés par une femme, et pourtant, nous subissons la violence du pouvoir, y compris contre des femmes”, a-t-elle déclaré. Elle a également souligné qu’à l’époque de John Magufuli, ce genre de violence contre les femmes était moins fréquent. Aujourd’hui, elle déplore le silence de la présidente face à cette agression.
Les perspectives d’une ouverture politique en Tanzanie semblent de plus en plus sombres, alors que le pays se prépare à une période électorale. Le cas d’Aisha Machano est devenu un symbole de la lutte contre la répression qui vise désormais directement les femmes activistes. Son sort relance la discussion sur les promesses de Samia Suluhu Hassan en matière de droits civiques, et sur la véritable nature de sa politique, oscillant entre des promesses de réformes et un retour aux pratiques autoritaires.