Les autorités du Tchad avaient accepté qu’une mission d’enquête internationale soit déployée pour faire la lumière sur les manifestations du 20 octobre qui avaient fait une cinquantaine de morts et 300 blessés. Officiellement, cette commission est sur place depuis une dizaine de jours, si l’on croit le gouvernement de transition et les reportages qui passent à la télévision nationale, mais il s’agit davantage d’une commission régionale, s’inquiètent des sources diplomatiques.
Début novembre, RFI annonçait que le gouvernement de transition tchadien avait accepté de mettre en place une commission d’enquête internationale pour faire la lumière sur ce qu’il s’est passé lors de la répression des manifestations du 20 octobre dernier, notamment en raison des polémiques sur le nombre de victimes, de 50 à 150 selon les sources, et les raisons de ce carnage, tentative de coup d’État selon le gouvernement ou grave répression sanglante, selon la société civile et l’opposition.
Une commission composée de représentants de la CEEAC
Le pouvoir de transition tchadien et la Commission économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) qui chapeautent cette enquête avaient évoqué une commission d’enquête internationale composée spécialement de représentants de la CEEAC, des Nations unies, de l’Union africaine ou encore de la Francophonie. Objectif ? Rassurer la communauté internationale.
« Mais il n’en est rien », constatent des sources diplomatiques à Ndjamena, qui pointent une commission composée pour le moment uniquement de trois représentants de la CEEAC en provenance du Burundi, de Sao Tomé-et-Principe et de la RDC. « L’organisation régionale assure que les représentants de ces autres institutions citées sont en passe de rejoindre l’équipe d’enquêteurs, mais la mission tire à sa fin et on ne voit personne poindre à l’horizon », s’inquiète une de nos sources.
Question de crédibilité
En attendant, cette commission a multiplié les rencontres avec les officiels tout en promettant, selon le représentant de la CEEAC au Tchad cité par la télévision officielle, qu’elle va rencontrer « tous les acteurs de ce drame », notamment les familles des victimes ou encore ceux qui viennent d’être relâchés par la justice, avant de faire son rapport à la Commission de l’organisation régionale.
Des diplomates se posent la question sur la « crédibilité » d’un tel rapport sans, notamment, l’ONU. Interrogée sur ce point, une source de la présidence tchadienne a renvoyé la balle à la CEEAC, où aucun responsable n’a pu être joint pour l’instant.
RFI