À moins d’une semaine des élections législatives prévues le 29 décembre, les médias privés au Tchad ont décrété une grève générale. Lundi 23 décembre, plusieurs collectifs et syndicats de la presse écrite, radio et en ligne ont observé une journée blanche, dénonçant les pratiques de la Haute autorité des médias audiovisuels (Hama).
Cette grève, entamée depuis le 7 décembre, s’inscrit dans un mouvement de protestation contre la décision controversée de la Hama interdisant aux médias en ligne de diffuser des contenus audiovisuels. Bien que cette mesure ait été suspendue par la Cour suprême, les journalistes restent méfiants. Gérard Kétong Daliam, rédacteur en chef du N’Djam Post, exige l’annulation définitive de cette décision, tout en appelant à la vigilance face à de possibles recours de la Hama.
La crise entre les médias et la Hama n’est pas nouvelle. Les relations tendues s’expliquent par une accumulation de griefs, notamment le non-versement des subventions prévues par la loi pour soutenir la presse privée. Les revendications actuelles des médias incluent le paiement de montants allant de 1 à 4 millions de francs CFA par média, des sommes cruciales pour leur fonctionnement dans un environnement déjà difficile.
Face à l’inaction des autorités, le mouvement pourrait s’intensifier. Juda Allahondoum, président du groupe Le Visionnaire et du Patronat de la presse tchadienne, menace d’un black-out national si aucune solution n’est trouvée. Cette mesure radicale priverait le processus électoral d’une couverture médiatique essentielle, une première dans l’histoire récente du pays.
L’absence de couverture des élections par la presse privée pourrait avoir des conséquences significatives sur la transparence et la crédibilité du scrutin. La grève coïncide avec un moment crucial pour la vie démocratique du pays, alors que les électeurs s’apprêtent à se rendre aux urnes après des années sans élections législatives.
La décision des médias privés de rendre leurs badges et gilets distribués par la Hama illustre leur détermination. Observateurs et acteurs politiques appellent désormais à une médiation rapide pour apaiser les tensions. Enjeu crucial, la liberté de la presse reste un pilier indispensable pour garantir une démocratie solide au Tchad.