Le gouvernement tchadien a adopté, ce 4 décembre, son projet de loi de finances pour 2026. Ce budget prévoit des recettes en nette diminution, évaluées à 2 255 milliards de francs CFA, pour des dépenses programmées à 2 529 milliards. Le pays devra ainsi combler un déficit prévisionnel de 274 milliards de francs CFA, illustrant la tension persistante entre les besoins de développement et les ressources disponibles.
La contraction des recettes, d’environ 9% par rapport à 2025, constitue la caractéristique principale de ce projet. Elle résulte notamment d’une baisse anticipée des revenus pétroliers, qui chutent à 780 milliards de francs CFA contre 994 milliards l’année précédente. Les recettes hors pétrole et les dons restent quant à eux quasi stables. En parallèle, les dépenses augmentent de 7%, avec une priorité affichée pour la décentralisation, les politiques sociales et les infrastructures, reflétant les engagements du gouvernement.
Ce budget s’inscrit dans un contexte économique tchadien marqué par une forte dépendance aux hydrocarbures et par des défis structurels anciens. Malgré des réformes annoncées pour élargir l’assiette fiscale et moderniser la collecte, l’économie peine à se diversifier. Le pays est également engagé dans une transition politique complexe, suivant la fin de la présidence d’Idriss Déby Itno, où la stabilité sociale et la relance économique sont des impératifs pour les nouvelles autorités.
Les perspectives immédiates reposent sur la capacité des autorités à financer ce déficit. Le ministre des Finances, Tahir Hamid Nguilin, compte sur des prêts projets, des appuis budgétaires extérieurs et des émissions de titres de dette. La réussite des réformes de modernisation fiscale, comme la généralisation de la facturation électronique, sera cruciale pour améliorer à moyen terme la mobilisation des ressources internes et réduire la vulnérabilité aux chocs pétroliers.
L’exécution de ce budget reste conditionnée à son adoption par le Parlement d’ici fin 2025. Les débats parlementaires pourraient mettre en lumière les arbitrages sensibles entre rigueur budgétaire et financement des priorités sociales. Par ailleurs, la baisse substantielle des recettes pétrolières interroge sur la robustesse du modèle économique tchadien, alors que la volatilité des cours mondiaux et les enjeux de transition énergétique pèsent sur ce secteur stratégique.
En définitive, ce projet de loi de finances 2026 apparaît comme un exercice d’équilibre précaire. Il tente de concilier un effort annoncé de rationalisation des recettes avec une augmentation des dépenses de développement. Son succès dépendra non seulement de la discipline dans l’exécution, mais aussi de la concrétisation des promesses de réforme administrative et de l’appui continu des partenaires financiers internationaux, dans un environnement régional et global incertain.



