Le Mouvement patriotique du salut (MPS), parti du défunt président Idriss Déby Itno, a officialisé en janvier la candidature de son fils, le général Mahamat Idriss Déby, pour la prochaine élection présidentielle. Dans un mouvement stratégique d’ampleur, le parti a lancé depuis le 16 février, une invitation ouverte aux autres formations politiques pour soutenir cette candidature. À ce jour, une déclaration commune a déjà été signée par 115 partis politiques, marquant un soutien massif et symbolique au jeune Déby.
L’annonce de cette coalition, présentée comme une initiative du MPS, reflète une stratégie bien rodée visant à consolider le pouvoir avant même la tenue des élections. Derrière cette démarche officielle, il apparaît que la collaboration entre Mahamat Idriss Déby et le parti est étroite et calculée, malgré les déclarations initiales du secrétaire général du MPS, Mahamat Zéne Baba, affirmant attendre une réponse formelle à leur proposition.
Cette manÅ“uvre politique s’inscrit dans un contexte de transition délicate au Tchad, suite au décès soudain du président Idriss Déby Itno. La nécessité de stabiliser le pays et de préparer le terrain pour les prochaines échéances électorales justifie, aux yeux de certains, la recherche d’une base de soutien solide pour le candidat du MPS, dans un paysage politique en pleine recomposition.
Le calendrier électoral semble s’accélérer, avec la mise en place récente du Conseil constitutionnel et de l’Agence électorale. Le projet d’organiser la présidentielle dès le 24 mai prochain témoigne de la volonté du pouvoir de transition de devancer toute opposition potentielle. Cette stratégie pourrait remodeler le paysage politique tchadien, en concentrant le pouvoir et les ressources autour de la figure de Mahamat Idriss Déby.
La démarche du MPS et de ses alliés ne fait pas l’unanimité. Des voix critiques, à l’image du politologue Ramadji Hoïnathy, dénoncent une manÅ“uvre visant à maintenir le contrôle sur les ressources de l’État et à limiter la compétition électorale. D’autres, comme Yoboïde Malloum Djeraki de l’Alliance 43, restent en retrait, attendant une clarification de la position de Mahamat Idriss Déby et de son projet pour le Tchad.
La suite des événements dépendra de la capacité de Mahamat Idriss Déby et du MPS à rallier d’autres forces politiques à leur cause, mais également de leur aptitude à présenter un projet de société convaincant. Le temps presse, et la fenêtre d’opportunité pour forger un consensus politique large en vue des prochaines élections se referme rapidement, posant des questions cruciales sur l’avenir démocratique et la stabilité du Tchad.