Marine Le Pen, leader du Rassemblement National, a effectué une visite officielle au Tchad, marquée par une rencontre avec le président Mahamat Idriss Déby et un passage par l’Assemblée nationale tchadienne. Cette visite, d’une durée de trois jours, intervient dans un contexte diplomatique tendu entre la France et le Tchad, après la rupture des accords de coopération militaire entre les deux pays.
Arrivée vendredi soir et repartie dimanche, Marine Le Pen a été reçue de manière solennelle. Son programme a inclus des visites à l’Assemblée nationale et au Sénat à N’Djamena, ainsi qu’une rencontre privée avec le président Mahamat Idriss Déby dans sa résidence à Amdjarass, lieu symbolique où il réside pendant le mois de ramadan. Lors de son discours devant les députés tchadiens, elle a exprimé sa tristesse face à l’éloignement des relations franco-tchadiennes, soulignant qu’après deux siècles d’amitié, un simple « froid » peut être surmonté. Selon elle, les relations interparlementaires pourraient jouer un rôle clé pour rétablir ce lien historique.
Les relations entre le Tchad et la France ont connu un coup de froid après l’arrêt des accords militaires, qui avaient établi une coopération stratégique entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Cette rupture a exacerbé les tensions, d’autant que le Tchad, longtemps considéré comme un allié clé de la France dans la région, cherche à diversifier ses partenariats internationaux. Dans ce contexte, la visite de Marine Le Pen intervient comme un geste symbolique visant à relancer le dialogue, notamment sur les plans parlementaire et économique.
Si le climat diplomatique est tendu, Marine Le Pen semble vouloir jouer un rôle de médiatrice, suggérant que les liens franco-tchadiens pourraient être rétablis grâce à des discussions parlementaires. Son approche se veut pragmatique, axée sur l’écoute des préoccupations tchadiennes. Cependant, la question demeure de savoir si ses efforts seront suffisants pour apaiser les tensions politiques actuelles. L’avenir des relations entre les deux pays dépendra probablement de la volonté des deux parties de trouver des compromis, notamment sur les questions militaires et économiques.
La visite de Marine Le Pen a suscité des réactions contrastées au Tchad. Certains observateurs, comme l’opposant Max Kemkoye, ont critiqué le faste protocolaire réservé à la députée française, le jugeant déplacé compte tenu des divergences idéologiques entre le Rassemblement National et le gouvernement tchadien. Le président du groupe Gcap a notamment souligné l’incongruité de cet accueil en soulignant les différences idéologiques avec le Mouvement patriotique du Salut, au pouvoir au Tchad.
Pourtant, d’autres, comme Ali Kolotou Tchaïmi, président de l’Assemblée nationale du Tchad, ont minimisé ces critiques, soulignant que les visites de personnalités étrangères étaient courantes et qu’elles n’étaient pas réservées à un type particulier de visiteur. Selon lui, l’accueil de Marine Le Pen traduit simplement une volonté de renforcer les liens entre le Tchad et les pays amis, quel que soit leur orientation politique. Il a également rappelé que bien que les accords militaires aient pris fin, cela ne signifiait pas la rupture totale de la coopération entre les deux pays.