Il y a un an, le 20 octobre 2022, le Tchad a été le témoin de ce qui est désormais mémorisé comme le “jeudi noir” – une répression brutale de manifestations s’opposant à la prolongation de la transition. Aujourd’hui, un an après ce triste événement, aucune manifestation n’est prévue. Les organisateurs des marches réprimées appellent à un “temps de recueillement”. Cependant, les défenseurs des droits de l’homme continuent d’exiger une enquête indépendante, des poursuites judiciaires contre les auteurs, et des réparations pour les victimes.
Plusieurs rapports d’organisations ont tenté de dresser un bilan de cette journée funeste, avec des chiffres divergents allant de 128 à 218 morts. Parmi les centaines de personnes arrêtées, 436 ont été condamnées puis graciées par le président. Le gouvernement, quant à lui, avance un bilan de 73 victimes, incluant des membres des forces de l’ordre, insistant sur une tentative de renverser la transition.
Le bilan du “jeudi noir” demeure un sujet de division. La Commission nationale des droits de l’homme a documenté 128 décès en février, tandis que la Ligue tchadienne des droits de l’homme a publié un rapport en avril évoquant “au moins 218 morts”. Le président de cette organisation, Me Adoum Boucar Mahamat, continue d’exiger une enquête internationale indépendante, déplorant un climat de censure persistant au Tchad.
Le ministre de la Communication, Aziz Mahamat Saleh, affirme qu’il n’y a “ni vindicte, ni chasse à l’homme” et insiste sur la nécessité de la réconciliation. Il encourage les victimes à poursuivre des actions judiciaires, affirmant que la justice continuera de fonctionner en cas de nouveaux éléments. Il déclare que la lumière devra être faite, sans exclure que des procédures puissent être engagées contre les forces de l’ordre si nécessaire.
Un rapport d’enquête de la CEEAC a été rédigé mais n’a pas encore été publié. Le ministre congolais Didier Mazenga, participant à la facilitation sous-régionale, annonce que sa publication est prévue prochainement.
Enfin, les défenseurs des droits de l’homme rappellent que plusieurs dizaines de militants du parti Les Transformateurs sont actuellement détenus par les renseignements généraux depuis près de deux semaines, sans avoir eu accès à des avocats ni à un magistrat, suscitant de sérieuses inquiétudes pour leurs droits et leur bien-être.