L’ex-directeur de cabinet du président tchadien Mahamat Idriss Déby, Idriss Youssouf Boy, a été condamné le 9 mai à cinq ans de prison pour corruption passive, ainsi qu’à une amende d’un million de francs CFA. Le verdict du tribunal a mis fin à une affaire de corruption impliquant l’ancien ministre, bien que les accusations de trafic d’influence et d’abus de fonction, requises par le procureur, aient été rejetées par le juge. L’homme d’affaires About Hachim Bouder, à l’origine de la plainte contre Boy, a été condamné à la même peine, mais pour corruption active.
Idriss Youssouf Boy aurait perçu plusieurs milliards de francs CFA de la part de About Hachim Bouder en échange de la garantie de l’obtention de marchés publics. Les charges de corruption active et passive reposent sur des échanges d’argent en vue de bénéficier d’avantages étatiques. Le procureur avait, lors de son réquisitoire, évoqué l’utilisation d’argent public usurpé. Cependant, le tribunal a jugé que les infractions de trafic d’influence et d’abus de fonction n’étaient pas suffisantes pour justifier une condamnation. Cette décision soulève des interrogations parmi les avocats des deux parties, qui estiment qu’elle ne correspond pas aux faits relatés.
Cette affaire survient dans un contexte politique tendu au Tchad, où le président Mahamat Idriss Déby est confronté à de nombreux défis internes, dont des accusations de corruption et de mauvaise gestion des fonds publics. Bien que le pays ait entrepris des réformes dans la lutte contre la corruption, cette condamnation met en lumière les lacunes et les dérives potentielles au sein des institutions judiciaires. Certains observateurs estiment que cette affaire pourrait refléter des enjeux politiques, notamment des tentatives de déstabilisation des proches du président.
La condamnation de Youssouf Boy pourrait avoir des répercussions profondes sur l’équilibre politique du pays, notamment sur la relation entre le gouvernement de Mahamat Idriss Déby et les figures de l’opposition. Le jugement pourrait également influencer les réformes judiciaires à venir, en particulier concernant l’indépendance de la justice et la transparence des procédures. Le recours annoncé par les avocats de Boy pourrait prolonger l’incertitude, tout en attirant l’attention des organisations internationales de défense des droits de l’homme.
L’avocat de Youssouf Boy, Maître Djerandi Laguerre Dionro, a exprimé son étonnement et sa désolation face à cette condamnation, insistant sur l’absence de preuves concrètes dans le dossier. Selon lui, la décision reflète une manipulation politique de la justice, visant à éloigner Boy du cercle présidentiel pour des raisons stratégiques. Cette accusation de manipulation politique pourrait alimenter le débat sur l’indépendance de la justice et la transparence des procès au Tchad, un pays où la politisation du système judiciaire est souvent pointée du doigt.
Les avocats d’Idriss Youssouf Boy ont d’ores et déjà annoncé leur intention de faire appel de cette décision. Cette étape judiciaire pourrait prolonger le processus et potentiellement entraîner des développements inattendus dans cette affaire. Quant à About Hachim Bouder, bien qu’il ait également été condamné à la même peine, il est probable que son cas fasse l’objet d’une nouvelle analyse, notamment concernant la question du remboursement des fonds publics détournés. L’issue de cette affaire sera suivie de près par les observateurs nationaux et internationaux.