La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) du Togo a ordonné, le 17 juin, la suspension immédiate de France 24 et de Radio France Internationale (RFI) pour une durée de trois mois. Les deux médias français sont accusés de violations répétées des règles d’impartialité et de déontologie journalistique, notamment en lien avec la diffusion de contenus jugés “biaisés” et “non vérifiés”.
Selon le communiqué publié à l’issue d’une réunion plénière, la HAAC reproche aux deux chaînes de s’être rendues coupables de “propagation de fausses informations” portant atteinte à “la stabilité des institutions” et à “l’image du pays”. L’organe de régulation affirme avoir adressé plusieurs avertissements aux directions de France 24 et de RFI avant d’opter pour cette mesure de suspension. Aucune rectification n’ayant été apportée, la sanction est présentée comme une réponse à un comportement jugé persistant.
Cette décision togolaise s’inscrit dans une tendance régionale marquée par un durcissement à l’égard des médias occidentaux. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont déjà interdit ces deux antennes publiques françaises, les accusant d’avoir relayé des récits contraires à la réalité du terrain, notamment sur les questions sécuritaires et politiques. Dans un climat où les relations entre Paris et plusieurs capitales africaines se détériorent, ces suspensions apparaissent comme des signaux de rejet croissant de l’influence française dans l’espace médiatique local.
À court terme, cette suspension prive les auditeurs togolais de deux sources d’information internationale largement écoutées. Sur le plan diplomatique, la décision pourrait aussi raviver les tensions entre Lomé et Paris, même si aucune réaction officielle de l’État français n’a encore été formulée. Sur le fond, cette affaire soulève des interrogations sur la marge de manœuvre des médias internationaux dans les États africains en quête de plus grande souveraineté narrative.
Si la HAAC invoque des principes de régulation et de responsabilité médiatique, certains observateurs redoutent un glissement vers une forme de censure. L’absence de détails concrets sur les contenus incriminés, ainsi que le recours à une suspension immédiate sans dialogue public, nourrissent les critiques. D’autant que cette décision intervient dans un climat politique déjà tendu, après des réformes institutionnelles controversées et à l’approche de nouveaux scrutins.