Le 12 juin, une semaine après des manifestations vivement réprimées à Lomé, une coalition réunissant deux partis majeurs de l’opposition togolaise et plusieurs organisations de la société civile a appelé à la démission de Faure Gnassingbé. Le Cadre de réflexion et d’action pour le changement (Crac) accuse le président du Conseil de manquer de légitimité et d’avoir échoué sur tous les plans : politique, économique et social.
Lors d’une conférence de presse tenue à Lomé, les responsables du Crac – qui regroupe notamment l’ANC de Jean-Pierre Fabre, les FDR de Paul Dodji Apévon, et les collectifs citoyens Togo-debout et Novation internationale – ont dressé un réquisitoire implacable contre Faure Gnassingbé. Le professeur David Dosseh, membre influent de la plateforme, a dénoncé une gouvernance marquée par « des violences politiques, la corruption et un délabrement social profond ». Il cite notamment l’arrestation de journalistes, la brutalité contre des manifestants, et la répression systématique comme preuves de l’échec du régime.
Faure Gnassingbé est à la tête du Togo depuis 2005, après avoir succédé à son père, Gnassingbé Eyadéma, resté au pouvoir pendant 38 ans. En 2024, une révision constitutionnelle controversée a transformé le régime présidentiel en régime parlementaire, créant la fonction de président du Conseil, équivalente à un chef de gouvernement. Le 3 mai 2025, Faure Gnassingbé a prêté serment à ce nouveau poste, tout en conservant la réalité du pouvoir exécutif. Ce changement est vu par ses opposants comme une manœuvre pour prolonger son contrôle sur l’État.
La contestation actuelle, qui a déjà conduit à l’arrestation de plusieurs dizaines de personnes, pourrait se radicaliser. Le Crac semble vouloir structurer une opposition plus unifiée, espérant mobiliser les Togolais autour d’un projet de rupture démocratique. Toutefois, l’absence de calendrier électoral clair et la mainmise du pouvoir sur les institutions compliquent toute perspective de transition pacifique à court terme.
Le discours de David Dosseh, empreint d’amertume mais aussi de lucidité, semble résonner chez une partie de la jeunesse togolaise confrontée au chômage, à la précarité et à l’exil. « C’est un modèle mauvais qu’il laisse aux jeunes générations », a-t-il martelé. Ce rejet d’un système jugé verrouillé ne s’exprime plus seulement dans les cercles militants, mais dans une opinion de plus en plus désabusée, notamment dans les centres urbains.