Les organisateurs du « Mouvement du 6 Juin » (M66) ont lancé un nouvel appel à manifester les 16 et 17 juillet prochains au Togo. Ce mouvement citoyen, à l’origine des protestations de juin violemment réprimées, entend maintenir la pression sur le pouvoir en place. En ligne de mire : les dérives autoritaires du régime de Faure Gnassingbé, la réforme constitutionnelle controversée de 2024, et la persistance de l’impunité après les violences meurtrières de juin.
Les initiateurs de cette mobilisation, essentiellement des artistes et influenceurs actifs sur les réseaux sociaux, ont diffusé vendredi une nouvelle vidéo appelant la population à « sortir massivement » dans les rues. Ils rendent hommage aux sept manifestants tués en juin, qu’ils considèrent comme des martyrs d’un combat pour la justice et la démocratie. Le choix des dates coïncide avec les élections municipales du 17 juillet, dont plusieurs partis d’opposition ont demandé le report, estimant que les conditions ne sont pas réunies pour un scrutin crédible.
Les manifestations de juin ont été marquées par une répression brutale. Sept personnes ont perdu la vie, selon les organisations de la société civile, qui pointent la responsabilité directe des forces de sécurité. Plus de 60 personnes ont été arrêtées, et de nombreux blessés ont été recensés. Les autorités, de leur côté, minimisent les faits : la gendarmerie évoque deux noyades sans donner de bilan complet. L’Assemblée nationale a annoncé une enquête parlementaire, pendant qu’Amnesty International exige une enquête indépendante et transparente.
Le climat politique reste tendu à l’approche des municipales. Le pouvoir continue de vanter la stabilité du pays, mais l’annulation inattendue d’un rassemblement de soutien à Faure Gnassingbé par son propre parti, sans explication, révèle un certain malaise. Les opposants dénoncent un processus électoral biaisé, rendu encore plus contestable par la réforme constitutionnelle votée en avril, qui a supprimé le suffrage universel direct pour l’élection présidentielle, consolidant davantage l’emprise du chef de l’État.
Face aux accusations, le gouvernement tente de maintenir un discours d’apaisement. Vendredi, le ministre de l’Enseignement technique, Isaac Tchiakpè, a affirmé que le pays était « calme et stable », que les activités économiques et scolaires se déroulaient normalement. Un discours jugé déconnecté par les acteurs de la société civile, qui dénoncent une volonté d’étouffer les contestations au nom d’un retour à la normalité imposé.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2005 à la suite de son père, Faure Gnassingbé a su maintenir un contrôle étroit sur les institutions du pays. Le Togo connaît régulièrement des vagues de contestation contre la concentration des pouvoirs, le manque d’alternance et la restriction des libertés publiques. Le cycle actuel de mobilisation s’inscrit dans cette continuité, avec une jeunesse de plus en plus politisée et déterminée à faire entendre sa voix malgré les risques de répression.