Le groupe pétrolier français Total a annoncé son départ du Burkina Faso, mettant fin à 70 ans de présence dans le pays. Ce retrait, officiel depuis le 18 février 2025, fait suite à celui du Mali en janvier et s’inscrit dans une tendance de réévaluation de ses opérations en Afrique francophone. Le réseau de 170 stations-service du géant pétrolier est désormais cédé à Coris Investment Group, une entreprise burkinabè en pleine diversification.
Le groupe français a confirmé cette décision lors d’une rencontre avec le ministre burkinabè de l’Industrie et du Commerce, Serge Poda. L’accord prévoit la cession des activités de distribution de Total au Burkina Faso, notamment ses stations-service, à Coris Investment Group. Selon Badara Mbacké, responsable du développement commercial de Total en Afrique de l’Ouest, cette transition devrait garantir la continuité des opérations et répondre aux besoins des clients industriels et privés. Coris Investment Group, bien implanté dans le secteur bancaire, l’assurance et les mines, renforce ainsi son rôle dans le secteur énergétique.
Ce départ s’inscrit dans un contexte marqué par des tensions diplomatiques croissantes entre la France et plusieurs pays du Sahel, en particulier après le coup d’État au Mali et l’instabilité dans la région. Ces événements ont créé un climat peu favorable à la présence des entreprises françaises. L’insécurité, exacerbée par les attaques djihadistes, a également joué un rôle majeur dans cette décision. Cette situation a conduit Total à réévaluer sa stratégie en Afrique francophone, après avoir déjà quitté plusieurs autres pays de la région, tels que la Centrafrique, le Niger, et le Tchad.
Le départ de Total ouvre une nouvelle page pour le Burkina Faso, qui voit en Coris Investment Group un acteur capable de renforcer la souveraineté économique du pays. Cette transition vers une entreprise locale représente un tournant pour l’économie burkinabè, car elle s’inscrit dans un mouvement plus large visant à réduire la dépendance vis-à-vis des entreprises étrangères. À terme, cela pourrait offrir à Coris un rôle clé dans le secteur énergétique et au-delà, consolidant sa position sur le marché africain.
Pour les experts, ce changement de mains dans le secteur de la distribution pétrolière pourrait avoir plusieurs répercussions sur le marché local. D’un côté, la reprise par une entreprise burkinabè pourrait favoriser une meilleure gestion des ressources et une adaptation plus rapide aux besoins spécifiques du marché local. De l’autre, certains soulignent qu’une telle transition pourrait également entraîner des défis logistiques et économiques à court terme, notamment en matière de réapprovisionnement et de gestion des prix des carburants.
Le retrait de Total est également symptomatique d’une redéfinition plus large des relations économiques entre la France et ses anciennes colonies africaines. Le repositionnement des entreprises françaises, souvent perçues comme des vestiges de la colonisation, pourrait être un signe de l’émergence d’une nouvelle dynamique commerciale en Afrique. Les pays sahéliens cherchent désormais à promouvoir des solutions locales tout en cherchant à diversifier leurs partenaires internationaux, renforçant ainsi leur indépendance économique.