Le Kremlin a salué les récentes déclarations de Donald Trump dans un entretien accordé au site Politico, où le président américain affirme que la Russie a toujours disposé de l’avantage militaire en Ukraine et que les dirigeants européens sont affaiblis par une culture du politiquement correct. Tandis que Moscou applaudit, les capitales européennes préfèrent garder le silence.
Pour Dmitri Peskov, porte parole de la présidence russe, cet entretien constitue un moment « très important ». Il estime que les propos de Donald Trump confirment la lecture que Moscou fait du conflit, qu’il s’agisse des ambitions ukrainiennes vis à vis de l’Otan, de la perte de terrain des forces de Kiev ou encore des causes profondes de la guerre. Dans l’entretien, Donald Trump soutient que la Russie, « plus grande » et « plus forte » que l’Ukraine, bénéficie naturellement d’une position dominante dans toute négociation. Il ajoute ne pas souhaiter une adhésion de Kiev à l’Otan tout en reconnaissant la résilience des forces ukrainiennes.
Ces déclarations interviennent alors que les tensions restent fortes entre Washington, Moscou et Kiev. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky dit être prêt à organiser une présidentielle si les conditions de sécurité peuvent être garanties par ses alliés. Donald Trump, qui alterne critiques et messages de soutien à l’Ukraine, l’avait récemment accusé de ne pas avoir lu les dernières propositions diplomatiques formulées par Washington. Dans le même temps, la relation de l’ancien président américain avec les dirigeants européens demeure marquée par des accusations répétées contre leur supposée faiblesse politique et leur gestion de la crise migratoire.
En Europe, les réactions officielles restent limitées, signe que les capitales cherchent à ne pas donner trop d’écho aux propos de Donald Trump. À Bruxelles, la tonalité jugée alarmiste de l’ancien président américain n’est pas nouvelle. Ses critiques contre Paris, Londres ou Bruxelles rappellent mot pour mot celles qu’il avait déjà formulées lors de sa première campagne présidentielle. Toutefois, ses insinuations sur le rôle central qu’il jouerait au sein de l’Otan interpellent les responsables européens, qui s’appuient sur ces déclarations pour défendre un renforcement de leur autonomie stratégique.
Le chancelier allemand Friedrich Merz appelle ainsi à une Europe « beaucoup plus indépendante » en matière de sécurité, tandis qu’en France, la ministre déléguée Alice Rufo estime nécessaire d’accélérer le réarmement européen. Ces prises de position illustrent la crainte d’un déplacement durable de la doctrine américaine et la nécessité pour l’Europe de réduire sa vulnérabilité stratégique.
En toile de fond, plusieurs responsables européens redoutent une progression des idées de Donald Trump au sein de leur propre électorat. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban demeure aujourd’hui l’un des rares dirigeants du continent à afficher ouvertement sa proximité idéologique avec l’ancien président américain. Pour les autres, la priorité consiste à atténuer l’impact politique de ces déclarations tout en anticipant les ajustements sécuritaires qu’elles pourraient imposer.



