À l’occasion de la Journée internationale des migrants, célébrée ce 18 décembre, un sit-in a été organisé devant le théâtre municipal de Tunis par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). L’objectif : dénoncer la criminalisation de l’aide apportée aux migrants et attirer l’attention sur leur situation précaire, en particulier celle des personnes originaires d’Afrique subsaharienne.
Malgré l’importance de la cause, moins d’une quarantaine de personnes, issues principalement de la société civile et de familles de disparus en mer, ont répondu à cet appel. Ce manque d’engouement reflète un désintérêt général de l’opinion publique tunisienne pour les questions migratoires, éclipsées par des préoccupations socio-économiques pressantes, telles que le chômage et l’inflation.
Depuis mai 2024, les autorités tunisiennes ont intensifié les pressions contre les militants engagés sur les questions migratoires. Au moins huit d’entre eux ont été emprisonnés, souvent sous des accusations de mauvaise gestion financière ou de blanchiment d’argent. Ces poursuites judiciaires, perçues par les ONG comme un outil d’intimidation, visent également des associations faisant l’objet de contrôles fiscaux répétés.
La récente interpellation de Saloua Grissa, directrice d’une association de défense des minorités basée à Bizerte, illustre cette répression croissante. Arrêtée le 13 décembre, elle est accusée d’avoir reçu des financements étrangers suspects, après quatre mois d’enquête. Cet événement a renforcé les appels du FTDES pour la libération immédiate des défenseurs des droits des migrants.
Lors du rassemblement, le FTDES a réaffirmé ses revendications : reconnaissance des droits des migrants, protection contre les discriminations, et cessation des poursuites contre les militants. Parallèlement, la Ligue tunisienne des droits de l’homme a publié un communiqué exhortant les autorités à respecter leurs engagements internationaux en matière de protection des populations migrantes.
Alors que les conditions des migrants en Tunisie continuent de se détériorer, la mobilisation pour leurs droits reste marginale. La société civile appelle à une prise de conscience collective, mais peine à capter l’attention d’une population préoccupée par ses propres difficultés. Une situation qui laisse présager de nouveaux défis pour les défenseurs des droits humains.