L’avocate et chroniqueuse tunisienne Sonia Dahmani a été condamnée à 8 mois de prison ferme après un procès en appel. Cette sentence est liée à des déclarations faites à la télévision en mai dernier, où elle avait exprimé des critiques envers la gestion du pays par le président Kaïs Saïed. Son arrestation en direct avait déjà suscité de vives réactions.
Les propos de Sonia Dahmani, jugés sarcastiques et critiques, avaient été prononcés lors d’une émission télévisée où elle remettait en question la situation politique de la Tunisie. Elle avait notamment répondu ironiquement à un chroniqueur sur l’installation des migrants subsahariens en Tunisie, ce qui lui avait valu une enquête pour « diffusion de fausses informations » et « incitation à la haine ». Son arrestation, retransmise en direct, a provoqué une onde de choc dans le pays.
Le contexte de cette affaire s’inscrit dans une Tunisie marquée par une répression croissante des voix critiques envers le pouvoir. Le président Kaïs Saïed, en poste depuis 2019, a multiplié les mesures controversées, notamment à travers le décret présidentiel 54 qui vise la diffusion de fausses nouvelles. Depuis son entrée en vigueur en septembre 2022, plusieurs journalistes, avocats et opposants politiques ont été poursuivis ou condamnés.
Cette condamnation de Sonia Dahmani a également provoqué des accusations de harcèlement judiciaire, tant de la part de ses avocats que de sa famille. Sa sœur dénonce des conditions de détention difficiles, tandis que la défense prévoit de saisir le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire. Les avocats de Dahmani pointent du doigt une justice instrumentalisée au service du pouvoir.
Pour l’avenir, cette affaire pourrait renforcer les tensions entre les autorités tunisiennes et les défenseurs des droits humains, qui s’inquiètent d’une dérive autoritaire du régime. La multiplication des poursuites contre les voix critiques en Tunisie alimente les craintes d’un climat de plus en plus hostile à la liberté d’expression et aux droits fondamentaux.
Dans ce contexte, les défenseurs des droits et les organisations internationales suivront de près la suite de cette affaire, espérant une prise de conscience internationale sur la situation des libertés en Tunisie.