À Kiev, la rencontre prévue vendredi en Alaska entre Vladimir Poutine et Donald Trump suscite autant d’espoirs que de craintes. Malgré les déclarations d’unité affichées par les alliés occidentaux de l’Ukraine, beaucoup doutent qu’un sommet accueillant l’agresseur russe à la Maison-Blanche puisse produire des avancées concrètes en faveur de la paix.
Dans les jours précédant l’événement, chaque camp a consolidé ses positions : la Russie sur le terrain militaire, l’Ukraine et ses partenaires européens sur le plan diplomatique. Donald Trump a assuré avoir eu un « très bon appel » avec Volodymyr Zelensky, ainsi qu’avec des responsables européens, de l’UE et de l’Otan. À Berlin, où il rencontrait le chancelier allemand Friedrich Merz, Zelensky a rappelé que l’objectif central du sommet devait être « un cessez-le-feu immédiat ». Le Premier ministre britannique Keir Starmer a parlé d’une « chance réelle » de parvenir à cet objectif.
Cette mobilisation s’inscrit dans une guerre qui dure depuis plus de deux ans et a déjà coûté à l’Ukraine près de 20 % de son territoire, occupé par la Russie. Depuis 2022, Kiev a multiplié les offensives diplomatiques pour obtenir le soutien militaire et politique de ses alliés, tout en rejetant toute solution qui consacrerait des pertes territoriales. Les Européens et Américains affirment que l’avenir de l’Ukraine ne se décidera pas sans elle et envisagent un futur format de négociation Trump-Poutine-Zelensky, avec un cessez-le-feu comme condition préalable.
Si ce cadre semble favorable sur le papier, Kiev reste méfiant. Zelensky accuse Poutine de feindre l’ouverture au dialogue tout en poursuivant ses objectifs militaires. Les discussions évoquent aussi des garanties de sécurité pour l’Ukraine et de nouvelles sanctions contre Moscou si aucun progrès vers la paix n’est enregistré. Mais la crainte demeure qu’une telle rencontre serve davantage la diplomatie russe qu’un règlement durable du conflit.
Au sein de la population, la confiance envers Moscou est quasi inexistante. Beaucoup considèrent que la Russie utilise la diplomatie comme une arme stratégique, et non comme un moyen sincère de négociation. L’idée même de discuter avec un pays considéré comme agresseur est perçue comme dangereuse, car elle pourrait affaiblir la position de l’Ukraine sur la scène internationale.
Pour la majorité des Ukrainiens, reconnaître la perte des territoires occupés reviendrait à capituler. Cette position, largement partagée par les responsables politiques, est aussi un message clair à leurs alliés : toute paix négociée doit garantir la restitution des terres annexées, faute de quoi elle serait jugée inacceptable par la société ukrainienne.