Les journées du dialogue national sur la réforme du système politique ont débuté ce 28 mai au Sénégal et se poursuivront jusqu’au 4 juin. Cette initiative, réunissant partis politiques, société civile, universitaires et autorités religieuses, vise à repenser l’organisation des élections et le fonctionnement de la vie politique. Parmi les sujets centraux : la révision du fichier électoral, le vote des détenus, la réduction du nombre de partis et la transparence du financement politique.
Pendant une semaine, les participants planchent sur des réformes fondamentales. Faut-il inscrire automatiquement les citoyens majeurs sur les listes électorales ? Introduire un bulletin unique ? Autoriser les détenus à voter ? Ces discussions, portées par 35 organisations de la société civile ayant déjà soumis leurs propositions, ambitionnent de renforcer un système politique encore marqué par certaines fragilités. Pour Moundiaye Cissé, directeur de l’ONG 3D, ces réformes sont essentielles et ne doivent pas être entachées par les querelles partisanes.
Ce dialogue intervient dans un climat marqué par l’absence remarquée de l’Alliance pour la République (APR), le parti de l’ex-président Macky Sall, et de plusieurs figures de l’opposition. Leur boycott traduit une défiance vis-à-vis d’une initiative qu’ils jugent secondaire face aux urgences économiques et sociales du pays. Ils dénoncent également les inculpations récentes visant d’anciens ministres du régime précédent, ce qui alimente les tensions politiques.
Les conclusions de ce dialogue pourraient redessiner les contours de la vie politique sénégalaise. Elles pourraient, à terme, renforcer la crédibilité des scrutins et limiter la prolifération des partis politiques, souvent pointée du doigt. Cependant, sans la participation des principales forces de l’opposition, ces recommandations risquent d’être contestées et leur mise en œuvre compromise. La question demeure : ce dialogue peut-il véritablement déboucher sur un consensus national ?
Malgré la réussite d’une troisième alternance démocratique, le Sénégal reste confronté à des défis politiques majeurs. La société civile espère que ces discussions permettront d’instaurer un cadre électoral plus transparent et inclusif. Mais beaucoup s’interrogent sur la sincérité de cette initiative, alors que l’absence des principaux opposants affaiblit sa légitimité. Dans un pays où les tensions politiques restent vives, ce dialogue national pourrait n’être qu’un pas parmi d’autres vers une réforme en profondeur.