Le gouvernement sénégalais a lancé un vaste programme de reboisement avec un objectif ambitieux : planter un million d’arbres en seulement 48 heures. L’annonce a été faite le 4 août par le Premier ministre Ousmane Sonko, en marge de la 42e Journée nationale de l’arbre. Cette initiative s’inscrit dans une volonté politique claire de faire du développement durable un pilier stratégique de l’action publique.
Ce projet n’est pas isolé. Il s’inscrit dans le cadre plus large de la Vision Sénégal 2050, la feuille de route adoptée par les nouvelles autorités pour orienter le pays vers une croissance inclusive, résiliente et écologiquement responsable. En plus du défi du million d’arbres, le programme comprend le lancement d’une « Caravane écologique nationale 2025 », visant à restaurer les écosystèmes, impliquer les jeunes dans des actions concrètes et sensibiliser les communautés rurales et urbaines à l’urgence climatique.
Le Sénégal n’en est pas à ses premières campagnes de reboisement. Mais ces dernières années, les résultats ont souvent été jugés décevants, faute de suivi et de coordination entre les acteurs. La nouvelle stratégie, portée par le président Bassirou Diomaye Faye et mise en œuvre par Sonko, entend rompre avec cette logique de symboles sans impact réel. Il ne s’agit plus seulement de planter des arbres, mais de bâtir une culture de la préservation environnementale, structurée et pérenne.
Ce programme intervient à un moment où le nouveau pouvoir cherche à affirmer sa capacité à traduire ses promesses en actes concrets. La réussite de cette campagne sera un test à la fois logistique et politique. La mobilisation nationale requise pour planter un million d’arbres en deux jours exigera des moyens considérables et une coordination étroite entre les services de l’État, les collectivités locales, les écoles et les organisations de la société civile. Le gouvernement sera jugé sur sa capacité à dépasser l’effet d’annonce.
La dimension éducative du programme n’est pas secondaire. En formant les jeunes et en sensibilisant les populations aux enjeux écologiques, l’exécutif entend inscrire ce tournant environnemental dans la durée. Ce volet sera crucial pour que les arbres plantés ne soient pas abandonnés à leur sort, comme cela a souvent été le cas par le passé. Il s’agit de construire une conscience collective, à l’échelle du pays, autour de la nécessité de préserver les ressources naturelles.
Au-delà de la performance des 48 heures, l’impact réel de cette campagne se mesurera sur plusieurs années. Le taux de survie des arbres, leur contribution à la restauration des sols ou encore leur intégration dans les politiques agricoles et urbaines détermineront le succès ou l’échec de cette initiative. Si elle est bien conduite, cette opération pourrait faire du Sénégal un exemple en matière de reboisement sur le continent. Mais cela exige une volonté politique continue et des moyens à la hauteur des ambitions.