L’affaire de l’agence suisse ALP Services, dirigée par Mario Brero, a éclaté au grand jour, révélant des opérations d’espionnage et de diffusion de fausses informations. Plusieurs enquêtes sont en cours en France et en Suisse contre cette agence privée de renseignements, qui aurait agi pour le compte des Émirats arabes unis afin de nuire aux intérêts du Qatar et des Frères musulmans.
Mario Brero, 77 ans, et son agence sont accusés d’avoir mené des campagnes de déstabilisation à l’encontre de diverses personnalités européennes. Les services rendus à Abou Dhabi, estimés à six millions d’euros, incluaient la transmission d’informations compromettantes et la publication de contenus diffamatoires.
Ces activités suspectes ont été mises en lumière en 2023 par une enquête de Mediapart, en collaboration avec le consortium European Investigative Collaborations (EIC). Entre 2017 et 2020, ALP Services aurait transmis à Abou Dhabi les noms de milliers d’Européens, supposément affiliés aux Frères musulmans, éveillant des inquiétudes sur la surveillance et l’influence émiratie en Europe.
La justice française et suisse scrutent de près ces allégations, s’interrogeant sur les potentielles violations de la vie privée et les infractions à la législation sur la protection des données. Les individus cités à tort, tels que Benoît Hamon et Rokhaya Diallo, ont entamé des procédures judiciaires pour diffamation et atteinte à l’intégrité.
Cette affaire souligne la complexité des relations internationales et des opérations de renseignement, mettant en lumière les tensions entre les Émirats arabes unis, le Qatar et les mouvements islamiques comme les Frères musulmans. L’enjeu de ces activités dépasse les frontières nationales, affectant la dynamique politique et sociale en Europe.
L’affaire de l’agence ALP Services pose des questions cruciales sur la sécurité, la transparence et la légitimité des opérations de renseignement privées. Elle incite également à une réflexion plus large sur l’éthique et les implications des services de renseignement dans les démocraties modernes, où la frontière entre surveillance nécessaire et intrusion abusive semble de plus en plus floue.