En octobre, la compagnie française Orano a décidé d’arrêter l’extraction d’uranium au Niger. Cette décision a été prise en raison de nombreux problèmes, notamment l’impossibilité d’exporter l’uranium depuis le début de l’année 2024. Le gouvernement nigérien s’oppose à cette décision, la considérant comme une menace pour l’économie nationale et une escalade dans un conflit déjà tendu entre les deux parties.
La Société des mines de l’Aïr (Somaïr), une filiale d’Orano, a cessé ses dépenses pour l’extraction et le traitement de l’uranium en raison des dettes accumulées par son partenaire nigérien, la SOPAMIN. Malgré des réserves de minerai qui pourraient permettre une production jusqu’en 2040, Somaïr fait face à des difficultés financières dues à l’incapacité d’exporter. De leur côté, les autorités nigériennes insistent pour que la production continue afin de maintenir l’activité économique dans la région.
Les tensions entre Orano et le Niger se déroulent dans un contexte général de dégradation des relations entre la France et le Niger depuis le coup d’État de juillet 2023. Cette situation a créé un climat de méfiance entre les deux pays. Le Niger fournit jusqu’à 17 % de l’uranium dont la France a besoin, mais les relations se sont détériorées. Cela a conduit Orano à perdre ses droits d’exploitation sur le site d’Imouraren, une autre mine d’uranium encore inexploitée.
L’avenir de l’extraction de l’uranium au Niger reste incertain. En réponse à la suspension décidée par Orano, le gouvernement nigérien a annoncé l’achat de 210 tonnes d’uranium sur les 1 000 tonnes bloquées à la mine de Somaïr. Cette initiative montre la volonté des autorités de prendre en main la situation pour limiter l’impact sur l’économie nationale et tenter de relancer les activités.
L’arrêt de la production d’uranium a de grandes répercussions économiques et sociales. L’uranium représente entre 15 % et 20 % des exportations nigériennes, selon la BCEAO, et toute interruption de la production réduit les revenus du pays. De plus, l’avenir des 750 employés de la Somaïr, ainsi que de nombreux sous-traitants, est en suspens. Orano affirme cependant que ses mesures visent à maintenir les salaires des travailleurs jusqu’à une reprise possible des activités.
Au-delà des enjeux économiques, cette crise montre la complexité des relations entre la France et le Niger, qui remontent à l’époque coloniale. Le débat sur la gestion des ressources stratégiques, comme l’uranium, soulève des questions de souveraineté et de coopération internationale. Trouver un compromis dans les prochains mois sera essentiel pour éviter une dégradation encore plus profonde des relations entre les deux pays.