Trois mois après une première tentative avortée, Ursula von der Leyen est à nouveau visée par des motions de censure au Parlement européen. Fait inédit, deux textes distincts seront déposés cette semaine à Strasbourg : l’un par le groupe d’extrême droite des Patriotes, l’autre par le groupe de La Gauche. Tous deux reprochent à la présidente de la Commission européenne sa gestion jugée opaque et déséquilibrée des grands dossiers économiques et diplomatiques du moment.
Les critiques portent principalement sur l’accord commercial du Mercosur, les droits de douane imposés par Washington et la position européenne sur la guerre à Gaza. Ursula von der Leyen, soutenue par ses commissaires, tentera une nouvelle fois de démontrer sa capacité à maintenir le cap dans une Union européenne fracturée. Deux figures françaises mèneront la charge : Jordan Bardella pour le Rassemblement national et Manon Aubry pour La France insoumise, symboles d’une contestation qui transcende les clivages traditionnels.
Le vote est prévu pour le 9 octobre. Sans surprise, les motions devraient être rejetées, faute d’une majorité suffisante pour renverser la Commission. Pourtant, le symbole est lourd. Ces attaques répétées traduisent la fragilité politique croissante d’Ursula von der Leyen, qui doit désormais négocier chaque texte et chaque compromis pour préserver son autorité. Le prochain test sera celui du budget européen, où les équilibres politiques risquent encore de se tendre.
La motion déposée par La Gauche, une première dans l’histoire de cette famille politique, illustre un élargissement du front contestataire. Une partie des élus écologistes envisagerait de la soutenir, signe que le malaise dépasse les oppositions classiques. Dans un Parlement européen plus fragmenté que jamais, le dépôt de motions de censure devient presque une pratique courante, révélatrice d’un climat de méfiance généralisée à Bruxelles.
Depuis la création de l’Union européenne, aucune Commission n’a été renversée par un vote parlementaire. Le seul précédent notable remonte à 1999, lorsque l’exécutif dirigé par Jacques Santer avait choisi de démissionner avant un scrutin perdu d’avance. Un rapport accablant sur sa « lourde responsabilité » dans des affaires de fraude avait alors précipité sa chute. Cet épisode reste dans toutes les mémoires comme un rappel des limites du pouvoir bruxellois face à la contestation politique.