Le président mozambicain Daniel Francisco Chapo a entamé une visite de travail de deux jours au Rwanda, alors que la province de Cabo Delgado connaît une nouvelle vague de violences islamistes. Reçu à Kigali par son homologue Paul Kagame, le chef de l’État entend renforcer la coopération bilatérale, dans un contexte où la sécurité et l’économie s’entremêlent directement.
Au cours de leur rencontre au Village Urugwiro, les deux dirigeants ont réaffirmé leur volonté de consolider un partenariat déjà marqué par une étroite coopération militaire. Paul Kagame a mis en avant l’importance d’élargir ces relations au secteur privé et aux échanges économiques, invitant son hôte à découvrir des industries rwandaises clés et à établir de nouveaux liens d’affaires. Cette approche illustre la volonté de Kigali et Maputo de lier sécurité et développement.
La visite de Daniel Chapo intervient alors que Cabo Delgado est de nouveau frappé par des attaques armées. Depuis juillet 2025, près de 60 000 personnes ont fui la province, dont la moitié des enfants, selon l’Organisation internationale pour les migrations. L’OCHA alerte sur le manque d’accès aux services essentiels pour ces déplacés et souligne le déficit de financement du Plan humanitaire, qui n’a reçu que 19 % des fonds requis. Depuis le début de l’insurrection en 2017, plus de 6 100 personnes ont été tuées et près d’un million déplacées, tandis que d’importants projets économiques, dont celui de TotalEnergies, ont été gravement perturbés.
Face à cette menace persistante, le Mozambique a fait appel au Rwanda dès 2021 pour sécuriser Cabo Delgado. Le contingent initial de 1 000 hommes a progressivement été renforcé pour atteindre aujourd’hui près de 5 000 militaires rwandais, déployés sur plusieurs districts stratégiques. Ces forces sont engagées dans des opérations conjointes visant à contenir l’expansion des groupes armés affiliés à l’État islamique. Leur présence reste l’un des piliers de la stabilité relative observée dans certaines zones de la province.
La rencontre de Kigali témoigne d’une volonté d’approfondir ce partenariat, non seulement pour stabiliser Cabo Delgado, mais aussi pour inscrire cette coopération dans une logique plus large de sécurité régionale. À moyen terme, Maputo espère que la combinaison d’un soutien militaire et d’un développement économique permettra de réduire la dépendance vis-à-vis de l’aide internationale et de restaurer la confiance des investisseurs dans le secteur gazier.
Cette alliance met également en lumière le rôle croissant du Rwanda comme acteur sécuritaire sur le continent, de la Centrafrique au Mozambique. Pour Daniel Chapo, nouvellement élu, ce rapprochement avec Kigali est aussi une manière d’affirmer sa capacité à gérer une crise qui mine la crédibilité de l’État mozambicain depuis des années. Toutefois, le faible financement international et la persistance des violences rappellent que la victoire contre l’insurrection reste loin d’être acquise.