Le président russe Vladimir Poutine a reçu, ce mercredi à Moscou, le Premier ministre togolais, pour une rencontre officielle destinée à consolider l’influence grandissante de Moscou en Afrique de l’Ouest. Cette entrevue s’inscrit dans une série d’efforts diplomatiques russes visant à élargir son réseau de partenaires sur le continent africain, dans un contexte de compétition géopolitique accrue avec les puissances occidentales.
Les discussions ont principalement porté sur le renforcement de la coopération bilatérale, avec un accent mis sur des secteurs stratégiques. Le partenariat dans le domaine énergétique, la formation professionnelle et la garantie de la sécurité alimentaire figuraient parmi les priorités définies par le gouvernement togolais. Le Kremlin a, de son côté, évoqué des échanges sur la coopération politique et économique, ainsi que sur des dossiers régionaux sensibles, indiquant une volonté de dialogue qui dépasse le cadre strictement bilatéral.
Cette rencontre s’inscrit dans un contexte de réengagement agressif de la Russie en Afrique, marqué par la stratégie du Groupe Wagner, devenu Corps Afrika, et la promotion d’un discours anti-impérialiste qui trouve un écho certain auprès de certaines élites politiques. Pour le Togo, comme pour d’autres nations de la sous-région confrontées à des défis sécuritaires et économiques, la diversification des partenaires stratégiques représente une option pour négocier son positionnement international et attirer des investissements hors des cadres traditionnels.
Les perspectives issues de ce rapprochement sont doubles. A court terme, on peut s’attendre à la signature d’accords concrets dans les domaines de l’énergie et de la sécurité alimentaire, potentiellement financés par des mécanismes dédiés mis en place par Moscou. A plus long terme, ce partenariat renforcé pourrait modifier l’équilibre des influences en Afrique de l’Ouest, offrant à la Russie un point d’ancrage supplémentaire dans une région historiquement liée à la France et aux États-Unis. La question de la nature de la coopération en matière de sécurité, et de son articulation avec les présences militaires occidentales, sera scrutée avec attention.
Les analystes observent que la démarche du Togo reflète une tendance plus large en Afrique, où les pays cherchent à maximiser leurs avantages en pratiquant un « multilatéralisme pragmatique ». Cette approche consiste à s’associer à différents blocs en fonction des opportunités, sans s’aligner systématiquement sur une puissance unique. Toutefois, ce jeu diplomatique comporte des risques de dépendance et des conséquences géopolitiques imprévisibles, alors que la rivalité entre grandes puissances s’intensifie sur le continent.
La réaction des partenaires traditionnels du Togo, notamment au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la CEDEAO, sera un indicateur clé de l’impact de ce rapprochement. Si les discussions à Moscou promettent des bénéfices économiques immédiats, elles s’accompagnent aussi d’un recalibrage silencieux des alliances, dont les implications à long terme pour la stabilité régionale et la souveraineté des États restent encore à évaluer.



