En visite à Bamako le 22 juillet, William B. Stevens, sous-secrétaire d’État adjoint pour l’Afrique de l’Ouest, a réaffirmé la volonté des États-Unis de coopérer avec le Mali, notamment dans les domaines sécuritaire et économique. Sans annoncer de présence militaire, l’émissaire américain a évoqué des partenariats axés sur le renseignement, la lutte contre le financement du terrorisme, et le développement du secteur privé à travers la création prochaine d’une Chambre de commerce américaine.
À défaut d’un engagement militaire clair, les États-Unis semblent miser sur des leviers indirects pour appuyer la lutte contre les groupes armés au Sahel. William Stevens a ainsi évoqué des efforts communs pour bloquer les circuits de financement du terrorisme, notamment en gelant les avoirs suspects dans les banques. Bien que la question de la cohabitation avec les forces russes présentes au Mali n’ait pas été abordée publiquement, des sources diplomatiques maliennes indiquent que les services américains pourraient fournir une aide en matière de renseignement stratégique.
Cette visite s’inscrit dans un contexte de profondes recompositions diplomatiques au Sahel. Depuis le retrait des forces françaises et la montée en puissance du groupe Wagner, les autorités maliennes ont multiplié les ouvertures vers de nouveaux partenaires, y compris la Russie. Face à ce basculement, Washington semble vouloir maintenir une forme de présence, notamment par la diplomatie économique et la coopération sécuritaire non militaire. La tournée de William Stevens dans les trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) illustre cette tentative de repositionnement américain dans la région.
Au-delà de la sécurité, l’administration américaine entend investir dans le tissu économique malien. L’annonce de la création imminente d’une Chambre de commerce bilatérale marque une volonté de structurer les relations d’affaires entre les deux pays. L’objectif est clair : inciter les investisseurs privés américains à entrer sur le marché malien, tout en offrant un cadre de dialogue et de coopération aux entrepreneurs locaux.
J'ai reçu en audience, ce lundi 21 juillet 2025, Monsieur William B. STEVENS, Sous-secrétaire d'État adjoint pour l'Afrique de l'Ouest au Département d'État et Envoyé spécial des États Unis au Sahel, en visite de travail au Mali.
En saluant la convergence de vues sur de nombreux… pic.twitter.com/zpyhxvUmi5
— Amb. Abdoulaye Diop (@AbdoulayeDiop8) July 21, 2025
Le gouvernement malien, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, a salué cette initiative américaine. Il a mis en avant une « posture constructive et pragmatique » de la part de Washington, tout en exprimant le souhait de voir se consolider des « relations amicales » dans un cadre de « dialogue constructif ». Une manière de signifier que, malgré l’orientation actuelle du régime vers Moscou, Bamako reste ouvert à d’autres partenariats stratégiques.
En évitant toute mention directe des rivalités géopolitiques dans la région, les États-Unis semblent jouer la carte du pragmatisme. L’objectif est de préserver une capacité d’influence sans heurter de front les choix souverains des autorités maliennes. Ce positionnement hybride, mêlant appui sécuritaire ciblé et ouverture économique, permet à Washington de rester dans le jeu sans provoquer d’effet de rejet. Reste à voir si cette approche suffira à contrebalancer la dynamique actuelle, dominée par des alliances plus offensives et visibles.