La Zambie s’apprête à franchir un tournant majeur dans sa politique énergétique. Un accord de 1,1 milliard de dollars a été signé entre la société publique zambienne Industrial Development Corporation (IDC) et le groupe chinois Fujian Xiang Xin Corporation pour la construction d’une méga-raffinerie de pétrole brut à Ndola, dans la province de Copperbelt. Ce complexe inclura également une centrale électrique de 130 MW, ainsi qu’une production de GPL, de bitume et de lubrifiants.
Selon les détails du contrat, l’installation traitera jusqu’à 60 000 barils par jour. Cela permettra de répondre à la demande nationale en carburants tout en ouvrant la voie à des exportations régionales. Le pétrole brut sera importé depuis le Moyen-Orient, via le port de Dar es Salaam, en Tanzanie. À terme, les autorités espèrent réduire considérablement les importations de produits raffinés, générant ainsi des économies estimées à plusieurs dizaines de millions de dollars chaque année.
Le choix de Ndola ne doit rien au hasard. Située au cœur de la Copperbelt, région stratégique et centre névralgique de l’industrie minière zambienne, la ville dispose déjà d’une infrastructure logistique adaptée au transport de matières premières. L’implantation de la raffinerie y répond à une double logique : soutenir les besoins énergétiques de l’industrie extractive tout en développant un hub énergétique à l’échelle nationale.
Les travaux de construction devraient démarrer au troisième trimestre 2025. La première phase d’exploitation est prévue pour 2026. Si le calendrier est respecté, le pays pourrait voir émerger, d’ici deux ans, une infrastructure qui transformera sa balance énergétique et ses capacités industrielles. Ce projet devrait aussi générer des milliers d’emplois, aussi bien durant la phase de construction que dans l’exploitation future du site.
L’implication d’un acteur chinois dans un projet aussi structurant n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans la stratégie plus large de Pékin en Afrique, fondée sur le développement d’infrastructures clés dans des secteurs critiques. En retour, la Zambie sécurise un financement massif, mais renforce aussi sa dépendance vis-à-vis de la Chine. Reste à voir si la gouvernance du projet, les conditions d’emploi local et le transfert de compétences seront à la hauteur des promesses annoncées.
Si elle aboutit, cette raffinerie pourrait représenter un tournant stratégique pour la Zambie, longtemps dépendante des importations pour son approvisionnement en carburant. Mais sa réussite dépendra de plusieurs facteurs : stabilité du partenariat, maîtrise des délais, qualité des infrastructures annexes, et surtout, capacité du pays à intégrer cette nouvelle chaîne de valeur dans son économie nationale sans creuser davantage ses déséquilibres commerciaux.