Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a participé ce lundi 30 juin à l’ouverture de la 4ᵉ Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), organisée à Séville par les Nations unies. Aux côtés de plusieurs chefs d’État et de dirigeants d’institutions financières internationales, il est venu porter la voix d’un Sud global en quête d’équité et d’autonomie budgétaire.
Lors de cette conférence, Diomaye Faye doit intervenir en séance plénière pour défendre un point central de son agenda économique : la mobilisation des ressources publiques domestiques. Il s’agit, pour le président sénégalais, d’exiger une architecture fiscale plus juste, qui libère les pays africains de la dépendance aux financements extérieurs souvent conditionnés et peu adaptés aux priorités nationales. À ses yeux, seule une maîtrise souveraine des recettes permettrait de répondre aux besoins sociaux urgents tout en planifiant un développement durable.
Cette 4ᵉ édition de la Conférence sur le financement du développement, placée sous l’égide des Nations unies, rassemble des figures clés de la gouvernance économique mondiale : Banque mondiale, FMI, OMC, ECOSOC… Elle s’inscrit dans une dynamique amorcée à Monterrey en 2002, poursuivie à Doha et Addis-Abeba, visant à réformer les mécanismes de financement global. Mais malgré deux décennies de déclarations d’intention, les pays du Sud continuent de subir des contraintes structurelles fortes : évasion fiscale des multinationales, dette insoutenable, accès limité aux marchés de capitaux.
La conférence de Séville se veut un espace de dialogue multilatéral. Toutefois, les marges de manœuvre réelles restent étroites. Entre les résistances des grandes puissances économiques et l’inertie des institutions financières, les propositions portées par les pays africains peinent à trouver une traduction concrète. Le Sénégal, par la voix de son président, tente malgré tout d’imposer une narration différente : celle d’une Afrique actrice de son développement, qui réclame des instruments adaptés à ses réalités, plutôt qu’une assistance dictée de l’extérieur.
Pour le président sénégalais, fraîchement élu, cette tribune représente aussi un test sur la scène internationale. Il s’agit de transformer en action diplomatique la vision souverainiste qu’il a défendue pendant sa campagne. En prônant un modèle basé sur l’autonomie financière et la responsabilité locale, Diomaye Faye s’inscrit dans une lignée de chefs d’État africains critiques du statu quo global. Mais au-delà du discours, sa capacité à fédérer d’autres pays autour de cette ambition sera déterminante pour en faire une force de négociation durable.
Plus qu’un sommet symbolique, cette conférence pourrait constituer un point de bascule si les pays du Sud parviennent à imposer une révision des règles. La refonte du système de fiscalité internationale, le traitement équitable de la dette ou encore la création de mécanismes innovants de financement restent à l’ordre du jour. Mais pour qu’il en sorte autre chose que des déclarations consensuelles, il faudra que les dirigeants du Sud – Diomaye Faye en tête – parviennent à parler d’une seule voix, avec clarté et fermeté.