Loin des pelouses depuis plus de deux ans, l’attaquant et capitaine du Togo Emmanuel Adbayor a annoncé ce lundi 20 mars sa retraite à 39 ans. Il restera comme l’un des plus grands joueurs africains des années 2000.
C’est une véritable légende du football africain qui range définitivement ses crampons, près de trois ans après une dernière aventure qui a tourné court avec le club paraguayen de Olimpo. Né à Lomé de parents nigérians, Emmanuel Adebayor se révèlait au grand public sous le maillot du FC Metz, son club formateur. Après un passage remarqué à Monaco, il évolue dans des clubs prestigieux du continent européen : Arsenal, Manchester City, Real Madrid et Tottenham.
En près de 20 ans de carrière professionnelle, il a inscrit plus de 200 buts dont 32 avec l’équipe nationale du Togo. Archétype de l’avant-centre moderne, Emmanuel Adebayor brillait par sa présence physique devant le but et son jeu de tête, mais également par sa capacité à jouer en pivot, au service de ses coéquipiers.
« Il y a eu des hauts, des bas. Il y a eu des regrets »
Élu joueur africain de l’année par la CAF en 2008, Adebayor a été l’âme du Togo, pratiquement de ses débuts en équipe nationale, le 8 juillet 2000, à l’âge de 16 ans, à son dernier match face au Bénin (1-2) en mars 2019 en éliminatoires de la CAN 2022. Sa réaction sur RFI après cette défaite qui éliminait les Éperviers avait des allures d’adieux. « J’ai commencé la sélection en 2000. On est en 2019. Ça fait pratiquement 19 ans que je suis en équipe nationale. C’est beaucoup. C’est beau. Il y a eu des hauts. Il y a eu des bas. Il y a eu des regrets. Il y a eu des moments inoubliables. Maintenant, je pense que je vais rentrer chez moi. Je vais prendre tous les bons moments. Je vais les mettre dans un sac. […] J’ai tout fait pour garder le maillot de cet après-midi. Et, si c’est la fin d’un cycle, qu’il en soit ainsi. Le plus important, c’est que je garde le short, le maillot et les chaussettes. J’avais promis à ma fille, aujourd’hui âgée de 8 ans, que mon dernier maillot en club et celui en sélection seraient pour elle. Je pense qu’elle a déjà dû m’envoyer un message : “Papa, et le maillot ?” ».
Son grand fait d’armes a été de qualifier son petit pays, le Togo (56 785 km2, 8 millions d’habitants), à sa première et seule Coupe monde en 2006. Il a été également de la partie quand les Éperviers ont franchi pour la première fois de leur histoire le premier tour d’une CAN en 2013 en Afrique du Sud.
Histoire contrariée avec la CAN
Mais l’histoire d’Emmanuel Adebayor avec la plus prestigieuse compétition africaine reste quelque peu tourmentée. Pour sa première participation à la CAN 2006, est écarté par son entraîneur Stephen Keshi qui le juge en méforme. Adebayor ne joue pas le premier match contre la RDC. Il manque d’en venir aux mains avec son sélectionneur dans le bus qui les ramène à hôtel après la défaite face aux Congolais (2-0). Quelques semaines après, certains voient sa main dans le limogeage de Stephen Keshi.
En 2010, il est, avec la sélection, victime d’un attentat à la frontière angolaise. Le bus des Éperviers est mitraillé par les rebelles de l’enclave de Cabinda : deux morts. Traumatisés, Adebayor et le Togo quittent la compétition avant le début. Le buteur togolais prend sa retraite internationale dans la foulée avant de revenir sur sa décision deux ans plus tard.
Cette fois, le rideau est définitivement tombé sur la carrière de l’Épervier qui planait sur le foot africain en compagnie de Samuel Eto’o et Didier Drogba.