La Guinée pleure la disparition d’une grande figure de la lutte syndicale. Hadja Rabiatou Serah Diallo nous a quittés à l’âge de 73 ans dans la nuit du mardi 28 juin à Conakry. Ancienne secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), elle restera à jamais dans les mémoires en tant que première femme africaine à diriger un syndicat d’envergure nationale. Son parcours exemplaire témoigne d’une vie consacrée à la défense des droits des travailleurs en Guinée.
Une militante déterminée et engagée
Originaire de Mamou, dans la région du Fouta Djalon, Hadja Rabiatou Serah Diallo s’est impliquée très tôt dans le monde associatif. Elle a commencé son activisme au sein des mouvements de jeunes, puis a rejoint les associations de femmes avant de se tourner vers le monde syndical, un domaine où les hommes étaient majoritairement présents.
À l’âge d’environ vingt ans, elle a rejoint la Confédération nationale des Travailleurs de Guinée (CNTG), un syndicat fondé en 1958 sous la présidence de Sékou Touré. Pendant près de trente ans, elle a gravi les échelons avec détermination, jusqu’à son élection en tant que secrétaire générale de la CNTG en 2000. Ce fut un moment historique, car elle devenait ainsi la première femme africaine à diriger un syndicat de cette envergure.
Une lutte pour la reconnaissance et la justice sociale
Hadja Rabiatou Serah Diallo a marqué l’histoire de la Guinée en faisant plier l’indétrônable président Lansana Conté. En 2006, elle a orchestré la première grève générale du pays, suivie en janvier 2007 par une nouvelle grève aux côtés d’autres syndicats. Ces mouvements ont paralysé le pays et ont conduit à un soulèvement populaire d’une ampleur sans précédent en Guinée. Malheureusement, lors de ces événements, la militante a été victime de violences perpétrées par des “bérets rouges”. Malgré la répression violente qui a coûté la vie à de nombreuses personnes, la mobilisation aforcé le président Conté à répondre aux revendications des travailleurs et du peuple.
Un héritage indéniable et une voix pour les oubliés
Surnommée affectueusement “Rabiatou” ou “Hadja Rabi” depuis son pèlerinage à La Mecque, Hadja Rabiatou Serah Diallo a continué à jouer un rôle clé dans la vie politique guinéenne. En 2010, elle a été nommée à la tête du Conseil national de transition, pendant la période de la junte du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), dirigée alors par le général Sékouba Konaté. Par la suite, elle a occupé le poste de présidente du Conseil économique et social sous la présidence d’Alpha Condé.
Dans une interview accordée à RFI en 2007, Hadja Rabiatou Serah Diallo a dénoncé les ambitions personnelles des leaders politiques et a souligné que le mouvement syndical ne faisait pas de distinctions de couleur ou d’ethnie. Elle était convaincue que la force féminine était une ressource à exploiter, et elle n’a jamais eu peur de se battre pour les droits des travailleurs.
Avec le décès de Hadja Rabiatou Serah Diallo, la Guinée perd une véritable icône de la lutte pour la justice sociale et les droits des travailleurs. Son héritage indéniable restera une source d’inspiration pour les générations futures, et sa voix résonnera toujours comme un rappel de l’importance de la solidarité et de la détermination dans la quête de l’égalité et de la justice pour tous les Guinéens.