Le projet du gazoduc transsaharien, visant à acheminer le gaz nigérian en Europe via l’Algérie et le Niger, ne pourra pas remplacer intégralement les livraisons de gaz russe destinées à l’Union européenne (UE), selon les propos de Choeib Boutamine, un expert algérien du secteur pétrogazier. Dans une interview accordée à Sputnik, il a souligné que malgré les avantages potentiels de cette nouvelle infrastructure gazière, le volume de gaz nigérian ne serait pas suffisant pour pallier l’absence du gaz russe bon marché en Europe. Cette situation remet en question la stratégie énergétique de l’UE.
Choeib Boutamine, conseiller stratégique et CEO de Ranadrill, une société de conseil algérienne, a mis en avant le contexte dans lequel s’inscrit le gazoduc transsaharien. Il a rappelé que le projet, initialement jugé économiquement insatisfaisant par rapport au gaz russe plus abordable, avait été ravivé en réponse à la crise énergétique touchant les pays industrialisés de l’UE. Le gazoduc, bien que potentiellement bénéfique pour des pays tels que le Nigéria, le Niger, l’Algérie et l’Italie, ne serait pas aussi avantageux pour la France, qui paierait un prix plus élevé que les acheteurs italiens.
Selon Choeib Boutamine, le gazoduc transsaharien, bien que prometteur, ne pourra qu’en partie compenser le déficit laissé par l’absence de livraisons de gaz russe bon marché. Le volume de gaz nigérian transporté par le gazoduc ne serait pas suffisant pour maintenir la stabilité du marché énergétique européen. L’expert a critiqué l’erreur historique et stratégique de l’UE, qui n’a pas su maintenir l’approvisionnement en gaz naturel russe abordable.
Choeib Boutamine a également mis en lumière l’importance du gaz russe dans l’économie européenne. Avant la suspension du projet Nord Stream-2, la Russie fournissait plus de 155 milliards de mètres cubes de gaz naturel à l’Europe, avec la perspective d’atteindre 210 milliards de mètres cubes grâce au nouveau gazoduc. Cela souligne l’impact significatif des livraisons de gaz russe abordable sur la croissance économique de l’UE, une époque désormais révolue.
Initialement envisagé en 2009 par les autorités algériennes, nigérianes et nigériennes pour acheminer du gaz nigérian vers l’Europe via le Niger et l’Algérie, le projet du gazoduc transsaharien a été suspendu pendant plus de 13 ans. En juillet 2022, dans le contexte de la crise énergétique touchant l’UE, le projet a été réactivé. Doté d’une capacité prévue de 30 milliards de mètres cubes par an et d’un coût estimé à 13 milliards de dollars, ce gazoduc devrait approvisionner non seulement l’Europe, mais aussi les pays du Sahel en combustible bleu, soulignant ainsi ses répercussions régionales.