En Libye, l’utilisation du port stratégique d’al-Khoms par la Turquie crée des vives tensions. La diffusion de vidéos montrant des frégates turques arborant fièrement leur drapeau et accostant à al-Khoms a suscité un tollé sur les réseaux sociaux. Cependant, le gouvernement d’unité nationale libyen, basé à Tripoli et dirigé par Abdelhamid Dbeibah, nie catégoriquement avoir cédé les droits de ce port vital, jetant ainsi de l’ombre sur les intentions turques.
Le démenti du gouvernement libyen a été rapidement contredit par des preuves tangibles. Les images et vidéos montrant les frégates turques accostant à al-Khoms ont déclenché une réaction indignée de la part des protestataires locaux. Ils accusent le gouvernement de « nouvelle occupation » et de mensonge. Les informations relayées par le journal libyen en ligne al-Marsad font état de centaines de soldats turcs déployés à bord de ces navires, confirmant ainsi les craintes suscitées par l’utilisation du port.
Les tensions actuelles s’inscrivent dans un contexte de relations fragiles entre les gouvernements libyen et turc. Des sources sécuritaires ont fait état d’un accord secret entre le gouvernement intérimaire libyen et Ankara, accordant à la Turquie une utilisation militaire du port pour une période de 99 ans. Ce geste a été perçu comme une trahison par une partie de la population libyenne, nourrissant ainsi un sentiment de rupture de confiance envers le gouvernement d’unité nationale.
L’utilisation du port d’al-Khoms par la Turquie soulève des questions cruciales quant aux intentions réelles d’Ankara en Libye. Les manifestations sur place témoignent d’une forte opposition à cette présence militaire étrangère. Des groupes armés locaux, tels que Mokawama, expriment leur détermination à défendre le territoire face à ce qu’ils considèrent comme une occupation. La situation est volatile et risque d’entraîner davantage d’instabilité dans la région.
L’implication turque en Libye trouve ses racines dans les accords économiques et militaires signés en 2019 entre Ankara et le gouvernement du précédent Premier ministre Fayez el-Sarraj. Ces accords ont été revisités en 2022 avec le gouvernement Dbeibah, incluant des droits d’exploration gazière en Méditerranée pour la Turquie. Alors que la Turquie possède déjà plusieurs bases militaires en Libye, la question de l’utilisation d’al-Khoms soulève des inquiétudes sur l’avenir de la région et l’équilibre géopolitique en Méditerranée.