Le torchon brûle entre le Cameroun et la République Centrafricaine suite à une affaire controversée de blé russe. Ce conflit, récemment mis en lumière, concerne une cargaison de 50.000 tonnes de blé offert par la Russie à la République Centrafricaine, devant transiter par le port camerounais de Douala. Cette situation a mené à une audience entre Paul Biya, président de la République du Cameroun, et Sylvie Baïpo Temon, ministre des Affaires étrangères centrafricaine.
Selon des sources d’Actu Cameroun, le différend commercial émane de la gestion de cette cargaison. La Centrafrique, initialement destinataire de cette aide humanitaire, a sollicité la transformation du blé en farine au Cameroun avant son exportation vers Bangui. Cependant, cette requête a déclenché un désaccord au sein du Groupement des industries meunières du Cameroun (Gimc). Alors que le Gimc proposait ses services pour la transformation du blé, deux entreprises locales, la Société des céréales du Cameroun (SCC) et Africa Foods Distribution, auraient court-circuité ces négociations.
Le conflit prend racine dans l’arrivée d’un premier navire russe transportant la moitié de la cargaison. La SCC, membre du Gimc et appartenant au groupe du défunt milliardaire camerounais Kadji Defosso, a pris l’initiative d’acquérir cette cargaison pour la transformer en farine. Cependant, cette démarche a été perçue comme une trahison par le Gimc, étant donné que la SCC et Africa Foods Distribution, qui vient de lancer une unité de production de pâtes alimentaires, ont agi indépendamment des autres membres du groupement.
Cette initiative de la SCC et d’Africa Foods Distribution a provoqué des tensions non seulement au niveau diplomatique mais aussi au sein de l’industrie meunière camerounaise. Des acteurs du secteur expriment leur inquiétude quant à la possibilité que la farine produite soit vendue sur le marché camerounais à des prix inférieurs, impactant négativement la compétitivité des autres producteurs. Un cadre anonyme du Gimc souligne le caractère déplorable de cette situation, tandis qu’un autre industriel craint une saturation du marché camerounais et des conséquences économiques désastreuses pour les autres producteurs.
L’acquisition par la SCC de cette cargaison représente près de la moitié de ses importations de 2023. La potentielle répercussion sur le marché camerounais soulève des questions sur l’équilibre économique dans le secteur de la farine, ainsi que sur les relations commerciales et diplomatiques entre le Cameroun et la Centrafrique. Cette affaire met en lumière les complexités des échanges commerciaux et des aides humanitaires en Afrique, et leurs impacts sur les relations internationales.
Les réactions au sein du Gimc et les craintes exprimées par ses membres témoignent de l’ampleur des répercussions potentielles de cette affaire. La manière dont le Cameroun et la République Centrafricaine géreront cette situation pourrait influencer non seulement leurs relations bilatérales mais aussi la dynamique économique régionale. L’affaire reste en cours de développement, avec des implications importantes pour le commerce, la diplomatie, et l’aide humanitaire en Afrique.