Le 4 avril marque le 75e anniversaire de la signature du traité de Washington, document fondateur de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan). Une date qui, loin de constituer un moment de fierté, est perçue avec scepticisme par Konstantin Gavrilov, chef de la délégation russe aux pourparlers de Vienne sur la sécurité militaire et le contrôle des armements. Selon lui, l’Alliance n’a “rien à célébrer”, car elle représenterait un “anachronisme de la Guerre Froide” plus enclin à aggraver les crises mondiales qu’à les résoudre.
Gavrilov énumère une série d’échecs attribués à l’Otan, soulignant le contraste entre ses objectifs affichés et les résultats obtenus. Les interventions en Irak, en Libye, en Syrie, et l’expansion vers l’Est sont citées comme des exemples de son approche géopolitique contestable. La tentative de retour aux principes originaux, notamment l’article 5 du traité de Washington, ne fait qu’exacerber la situation selon lui, avec une augmentation des dépenses militaires et une rhétorique alarmiste sur la “menace russe”.
L’intervention de la Russie dans le discours sur l’Otan survient dans un contexte de tensions croissantes, notamment en raison de la situation en Ukraine. Gavrilov décrit l’Ukraine comme un champ de bataille instrumental dans le conflit avec la Russie, tandis que l’Otan jouerait un rôle de soutien logistique et armé, exacerbant ainsi les tensions régionales.
La question de l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan est abordée avec prudence. Selon le diplomate russe, même les politiques occidentaux reconnaissent l’incertitude entourant cette éventualité, principalement en raison des risques de déstabilisation qu’elle pourrait entraîner pour la sécurité de l’Alliance.
Gavrilov critique également les déclarations bellicistes de certains membres de l’Otan, y compris la France, arguant qu’elles visent à tester la résilience de la Russie. Il souligne l’efficacité de l’armée russe face à l’équipement occidental et remet en question l’utilisation des fonds occidentaux dans le contexte ukrainien, évoquant un “trou noir” de corruption.
Malgré les difficultés, le chef de la délégation russe évoque la possibilité d’une reprise des négociations, tout en soulignant les obstacles posés par le “lobby anglo-saxon” au sein de l’Otan. Toutefois, la Russie reste ouverte au dialogue, à condition qu’il repose sur le principe d’égalité.