Le Mali, pays majoritairement musulman, fait face à un double défi en ce mois de Ramadan 2024, marqué par des coupures d’électricité récurrentes et une inflation galopante. Cette conjoncture difficile impacte profondément la vie quotidienne des Maliens, altérant les pratiques spirituelles et les traditions de cette période sacrée.
Les interruptions intempestives de l’alimentation électrique, pouvant durer jusqu’à 10 heures, plongent de nombreux quartiers de Bamako dans une obscurité complète. Ces coupures affectent non seulement le confort des habitants mais entravent également le bon fonctionnement des entreprises, particulièrement les PME qui sont vitales pour l’économie locale. « Nous souffrons beaucoup de ces coupures qui nous causent des dégâts. Nous faisons recours au groupe électrogène pour nous dépanner. Mais, s’il faut dépenser jusqu’à 15 000FCFA par jour pour alimenter ces groupes électrogènes, ça représente des pertes énormes pour nous », explique un commerçant. « Comme vous le constatez, la chaleur est infernale. Ceux qui ont les moyens se débrouillent avec des petits générateurs ou des panneaux solaires, mais ça coûte cher. Même la glace est devenue aussi rare que précieuse. Le petit bloc qu’on trouvait à 50 francs est vendu présentement à plus de 500 francs. Heureusement qu’Allah est un Dieu de miséricorde et de bonté. Il ne nous prive pas de la lumière du jour au moment de la rupture du jeûne pour nous permettre de rompre sans être plongés dans le noir », se console une mère de famille de Gao, la plus grande ville du nord du pays.
En parallèle, le coût de la vie au Mali connaît une hausse considérable, exacerbée par l’inflation mondiale. Les prix des biens de première nécessité, incluant les denrées alimentaires et le carburant, s’envolent, rendant l’accès à ces ressources de plus en plus difficile pour une large part de la population. Cette inflation touche particulièrement les familles durant le Ramadan, période où la solidarité et le partage sont traditionnellement mis en avant.
Ce mois de jeûne et de prière, qui devrait être un moment de recueillement et de partage, est donc fortement perturbé par ces crises conjointes. Les traditions de convivialité et d’entraide sont mises à l’épreuve, les familles peinant à subvenir à leurs besoins de base et à maintenir les pratiques religieuses qui leur sont chères. Par exemple, la hausse des prix des produits de première nécessité, comme le sucre ou la farine, indispensable à la rupture du jeûne, a atteint des niveaux alarmants.
Pourtant, le 31 décembre 2023, lors de ses vœux à la nation, le chef de la junte militaire Assimi Goita, avait promis d’améliorer la fourniture de l’électricité. Une promesse qui n’aura pas finalement été tenue jusqu’ici.
Face à cette situation préoccupante, il est impératif que les autorités maliennes renforcent leurs efforts pour pallier ces problématiques. Des mesures à court terme, telles que l’augmentation de l’approvisionnement en carburant pour les centrales électriques et la distribution équitable des denrées alimentaires à prix subventionné, sont essentielles pour atténuer l’impact de ces crises sur les citoyens maliens durant le Ramadan.