Des pêcheurs locaux et des milices anti-djihadistes accusent l’armée tchadienne d’avoir tué par erreur des dizaines de pêcheurs nigérians lors d’un raid aérien visant des combattants de Boko Haram. L’incident s’est produit sur l’île de Tilma, située dans la région du Lac Tchad, dans un contexte de tension croissante liée aux activités des groupes djihadistes.
L’attaque aurait été menée par un avion de chasse tchadien, qui a pris pour cible des pêcheurs, les confondant avec des membres de Boko Haram. Babakura Kolo, chef d’une milice anti-djihadiste locale, a expliqué que l’appareil avait attaqué les pêcheurs croyant qu’ils étaient responsables de l’assaut qui avait eu lieu dimanche contre une base militaire tchadienne. Selon les autorités tchadiennes, cette attaque, orchestrée par Boko Haram, a fait une quarantaine de morts parmi les soldats tchadiens.
Le raid militaire a eu lieu dans un contexte particulièrement tendu où les groupes djihadistes, tels que Boko Haram, multiplient les attaques dans la région. Ces groupes exploitent la géographie complexe du Lac Tchad, un territoire où les frontières entre le Nigeria, le Tchad, le Niger et le Cameroun sont poreuses, pour échapper aux forces de sécurité. Les djihadistes se fondent souvent parmi les populations locales, rendant difficile pour les forces militaires de distinguer civils et combattants.
Ce tragique événement souligne la difficulté de mener des opérations militaires dans une zone où la population civile est constamment exposée au risque de représailles ou d’erreurs fatales. La situation des pêcheurs et des paysans, déjà fragile, est rendue encore plus précaire par ces frappes aériennes, d’autant plus que les djihadistes continuent de se fondre parmi eux. Les autorités tchadiennes devront répondre de cet incident et renforcer les mécanismes pour éviter de telles bavures à l’avenir, afin de protéger les civils des conséquences des opérations militaires.
Sallau Arzika, un pêcheur ayant survécu à l’attaque, a décrit la scène : “L’avion de chasse a encerclé Tilma avant de commencer à larguer des bombes pendant que les gens couraient dans toutes les directions pour se mettre à l’abri.” Ce témoignage illustre l’ampleur de la confusion et la panique engendrée par le raid. Pour l’instant, aucune déclaration officielle n’a été faite par le gouvernement tchadien pour confirmer ou infirmer la responsabilité de l’armée.
Les observateurs demandent à ce que toute la lumière soit faite sur cet incident. Des ONG et des organisations locales réclament une enquête indépendante pour déterminer les responsabilités et, surtout, pour prévenir de futurs drames. Cet événement tragique met une nouvelle fois en lumière les défis immenses auxquels font face les armées de la région dans leur lutte contre les groupes djihadistes, tout en protégeant les populations civiles.