Baltasar Ebang Engonga, ancien directeur de l’Agence nationale d’investigation financière (Anif) de Guinée équatoriale, a été démis de ses fonctions le 6 novembre par le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Ce renvoi est survenu après la diffusion de sextapes le mettant en cause. Accusé de conserver ces vidéos sans autorisation, il a été placé en détention provisoire à la prison de Black Beach, tristement célèbre dans le pays. Ce scandale a rapidement pris une dimension politique et sociale, révélant les tensions internes au sein du régime.
À Malabo, Baltasar Ebang Engonga était une figure influente, surnommée « Bello », et faisait partie d’une famille très proche du pouvoir. Son père, Baltasar Engonga Edjo’o, est président de la commission de la Cémac et ancien ministre d’État. Ebang Engonga lui-même était déjà visé par une enquête pour des transferts d’argent public suspects. Les sextapes, retrouvées sur ses téléphones et ordinateurs, montrent plusieurs femmes, dont certaines sont mariées à des personnalités influentes du régime. L’affaire a éclaté sur les réseaux sociaux, provoquant de nombreuses réactions et condamnations publiques.
Selon Juan Carlos Ondo Angue, un opposant exilé et ancien président de la Cour suprême de Guinée équatoriale, cette affaire montre la « dégradation » du régime de Malabo. D’après lui, la diffusion des images par les autorités prouve que les dirigeants actuels utilisent des méthodes douteuses pour affaiblir leurs ennemis politiques, voire leurs propres alliés. Ce scandale survient alors que le régime met en place un plan de succession dynastique pour garder le pouvoir au sein de la famille du président, ce qui accentue les tensions internes et les rivalités.
Juan Carlos Ondo Angue, lors d’une interview avec la journaliste Amélie Tulet, accuse les autorités de violer les droits fondamentaux de la population, notamment le droit à la vie privée. Pour lui, ce scandale montre une dérive autoritaire évidente depuis l’instauration du plan de succession. Il appelle les Africains à réfléchir sur les actions de leurs dirigeants et sur l’utilisation des institutions pour réprimer toute opposition ou menace au maintien du pouvoir de la famille Obiang.
Les sextapes de Baltasar Ebang Engonga ont déclenché une vaste vague de réactions sur les réseaux sociaux, avec des commentaires de célébrités comme la star nigériane Davido et le rappeur français Kaaris. Les images ont fait l’objet de parodies et de memes, faisant de « Baltasar » et du hashtag #BaltasarEbangEngonga des sujets très discutés ces derniers jours. Ce phénomène montre l’importance des médias sociaux dans la perception et l’interprétation des événements politiques en Afrique.
L’affaire Baltasar Ebang Engonga dépasse le simple scandale sexuel : elle montre la fragilité du pouvoir en Guinée équatoriale. Ce scandale pourrait affaiblir encore davantage le régime de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, déjà critiqué pour son autoritarisme et sa gestion du pays. Malgré les tentatives de contrôler le narratif officiel, l’impact de ce scandale pourrait avoir des effets à long terme sur l’image du régime et sur la stabilité de l’élite dirigeante.