Chaque pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) veut avoir sa propre compagnie aérienne, même si cela coûte beaucoup d’argent et n’est pas toujours rentable. Pour ces pays, avoir une compagnie aérienne représente leur souveraineté nationale, une manière de montrer leur indépendance et leur identité. Mais cette stratégie pose des questions sur son efficacité, surtout dans un marché ouest-africain qui est déjà très compétitif.
Depuis la création de l’AES en septembre 2023, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont lancé des initiatives individuelles pour améliorer leurs connexions aériennes. Au départ, l’idée était de créer une compagnie commune, mais chaque pays a finalement préféré développer sa propre flotte. Air Burkina, par exemple, a repris ses activités avec l’achat d’un nouvel avion, un Embraer 190, et le Mali a accéléré le développement de Mali Airlines pour améliorer le transport interne, surtout à cause de l’insécurité sur les routes.
Ces initiatives montrent que le marché aérien en Afrique de l’Ouest est très fragmenté. Chaque pays veut sa propre compagnie aérienne, et on se retrouve avec de nombreux transporteurs comme Air Côte d’Ivoire, Air Sénégal, et Asky au Togo. En plus, des compagnies internationales comme Ethiopian Airlines, Air France, et Turkish Airlines dominent déjà le marché. Cela rend la vie difficile pour les compagnies locales qui ont du mal à survivre face à cette concurrence.
La rentabilité de ces compagnies nationales est aussi un problème. Souvent, l’État doit les soutenir financièrement pour couvrir les pertes et maintenir les avions en vol. Certains experts pensent qu’une meilleure solution serait de fusionner les compagnies des différents pays afin de partager les ressources et réduire les coûts, rendant ainsi les compagnies plus viables économiquement.
Le PDG de Kenya Airways, Allan Kilavuka, pense que la fragmentation des compagnies aériennes est l’une des raisons des prix élevés des billets en Afrique. Selon lui, seule une vraie coopération régionale ou continentale pourrait rendre les compagnies africaines plus compétitives. L’échec de beaucoup de compagnies aériennes en Afrique pourrait être une leçon qui pousse les États à envisager de nouvelles stratégies basées sur la coopération.
Même si l’idée d’une compagnie aérienne commune a été mise de côté pour le moment, elle reste une option pour l’avenir. Partager les ressources et les infrastructures pourrait aider à créer une compagnie régionale plus forte, capable de concurrencer les grandes compagnies internationales et de répondre aux besoins des habitants. Pour l’instant, chaque pays insiste sur l’importance de sa souveraineté nationale, même si les réalités économiques rendent cela difficile.