Ce mercredi 27 novembre, la Tanzanie organise des élections locales qui ne semblent pas intéresser beaucoup de gens. Plus de 75 000 villages et hameaux élisent leurs représentants pour un mandat de cinq ans. Cependant, ces élections se déroulent dans une ambiance tendue, avec beaucoup de candidats de l’opposition écartés et une grande méfiance envers l’honnêteté des autorités.
Le parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), affirme que 95 % de la population est inscrite sur les listes électorales. Cependant, beaucoup de médias indépendants remettent en question ce chiffre, accusant le gouvernement de manipuler les chiffres. Pour l’opposition, la situation est encore plus compliquée, car environ 70 % des candidats du principal parti d’opposition, Chadema, ont été disqualifiés. La plupart ont été écartés pour des raisons administratives, comme des formulaires mal remplis ou des documents manquants, ce qui limite beaucoup leur participation.
Ces élections arrivent après plusieurs mois de tensions, avec des opposants politiques arrêtés ou empêchés de mener leur campagne. Freeman Mbowe, le chef de Chadema, accuse le gouvernement d’intervenir directement pour désarmer l’opposition. Beaucoup d’observateurs disent que la répression s’intensifie sous l’administration actuelle. Ce climat de peur et de méfiance a clairement découragé une grande partie de la population à aller voter.
La présidente Samia Suluhu avait promis de rompre avec les pratiques autoritaires de l’ancien président John Magufuli. Mais aujourd’hui, elle est accusée de suivre les mêmes méthodes électorales douteuses. Avant même le jour du vote, le CCM annonçait déjà une “victoire écrasante”, ce qui rappelle les périodes sombres sous Magufuli, où les processus démocratiques étaient souvent faussés pour avantager le pouvoir.
Face à cette situation, des chefs religieux très respectés ont pris position. Le révérend Wolfgang Pisa, président de la conférence épiscopale de Tanzanie, a publiquement critiqué le “favoritisme évident” en faveur des candidats du CCM. Ces critiques montrent le malaise qui grandit dans la société tanzanienne vis-à-vis de la direction politique actuelle du pays.
Avec l’élection présidentielle qui arrive dans un an, ces élections locales montrent que la confiance entre les citoyens tanzaniens et leurs dirigeants est en crise. Les épisodes de répression du passé, combinés aux signaux actuels, font craindre que l’avenir de la démocratie dans le pays reste très incertain. Pour l’instant, les garanties d’une élection libre et honnête semblent encore très fragiles.