Les autorités du Niger ont pris des mesures sévères à l’encontre de la BBC, suspendant la radio anglophone pour une durée de trois mois, en raison de la diffusion d’un bilan non-officiel concernant les récentes attaques dans le pays. En parallèle, le gouvernement nigérien a annoncé porter plainte contre la radio RFI, qu’il accuse d’orchestrer une campagne de désinformation. Ces décisions ont été prises après que la BBC ait relayé un bilan de 130 morts suite à une attaque dans le village de Chatoumane, un événement que le gouvernement a catégoriquement démenti.
Les autorités nigériennes ont réagi vivement après la publication par la BBC d’informations concernant une attaque présumée à Chatoumane, dans laquelle plus de 130 personnes auraient perdu la vie. Le gouvernement a qualifié ces informations de « tendant à déstabiliser la quiétude sociale et à saper le moral des troupes ». Cette suspension fait suite à des tensions croissantes entre les médias internationaux et les autorités nigériennes, notamment après les récentes restrictions imposées sur les chaînes RFI et France 24, toujours suspendues depuis le coup d’État militaire de juillet 2023.
Cette nouvelle mesure s’inscrit dans un contexte politique tendu, où la liberté de la presse est particulièrement restreinte depuis la prise de pouvoir par les militaires. Les autorités ont systématiquement accusé les médias internationaux de diffuser des informations erronées, qui pourraient nuire à l’image du régime et compromettre la lutte contre les groupes jihadistes opérant dans le pays. Cette situation illustre une répression accrue à l’égard des journalistes et des médias indépendants depuis le renversement de Mohamed Bazoum.
À l’avenir, la suspension de la BBC pourrait avoir des répercussions sur la relation entre le Niger et les médias internationaux, notamment en ce qui concerne la couverture des événements politiques et sécuritaires dans la région. La plainte contre RFI pourrait également aggraver la situation, alors que le gouvernement semble déterminé à contrôler les narrations qui émergent de l’intérieur du pays. Cette répression pourrait également intensifier l’isolement du Niger sur la scène internationale.
Cette décision intervient alors que la situation sécuritaire au Niger continue de se dégrader, avec des affrontements réguliers entre les forces de sécurité et les militants jihadistes. Si les autorités continuent de contrôler de manière stricte l’accès à l’information, cela pourrait nuire à la compréhension des événements par la communauté internationale, qui se fie en grande partie aux médias étrangers pour suivre la situation dans des pays en guerre ou sous dictature.
Enfin, cette situation met en lumière les défis auxquels font face les journalistes locaux et internationaux dans le pays. Les organisations de défense des droits de la presse ont exprimé leurs préoccupations quant à la liberté d’expression au Niger et au contrôle accru des informations par le gouvernement, ce qui pourrait affecter la capacité des citoyens à accéder à des informations précises et objectives dans un contexte de crise.