Nagia Dramé, immigrante française de 37 ans, a engagé une bataille judiciaire contre le gouvernement québécois. Arrivée en février 2023 avec un permis vacances-travail, elle risque de devoir quitter le pays après l’instauration soudaine d’un moratoire suspendant ses démarches de résidence permanente. Cette décision impacte directement ses quatre enfants, dont le plus jeune est né au Québec.
Le 28 octobre dernier, le Québec a imposé, sans préavis, un moratoire sur le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ) et le Programme de l’expérience québécoise (PEQ-Diplômés). Ce gel a interrompu la demande de résidence permanente de Nagia, amorcée quelques jours auparavant par son employeur. Avec un permis de travail expirant en février 2024, cette mère de famille se retrouve dans une situation précaire et incertaine.
Le moratoire reflète les défis actuels des politiques d’immigration au Québec, où des ajustements fréquents provoquent instabilité et inquiétude parmi les nouveaux arrivants. Si ces programmes étaient autrefois des voies claires vers la résidence permanente, leur suspension met en lumière des enjeux plus larges liés à la gestion des flux migratoires et aux critiques sur le traitement réservé aux immigrants.
Pour défendre ses droits, Nagia a saisi la Cour supérieure en déposant une injonction interlocutoire visant à suspendre le moratoire. Elle invoque l’article 7 de la Charte canadienne des droits, qui protège la vie, la liberté et la sécurité des personnes. Toutefois, les experts juridiques, comme Me Benjamin Brunot, estiment que ses chances de succès restent faibles en raison des larges pouvoirs conférés au gouvernement pour modifier les politiques migratoires.
Nagia voit dans son combat une cause collective. « Derrière chaque immigrant, il y a une histoire », insiste-t-elle, dénonçant une administration perçue comme déconnectée des réalités humaines. Son combat reflète le désarroi de nombreux immigrants face à des décisions administratives soudaines, illustrant l’inégalité entre citoyens vulnérables et une bureaucratie puissante.
Malgré les défis, Nagia Dramé garde espoir. Attachée à Québec, une ville qu’elle décrit comme accueillante et propice aux familles, elle mène ce combat pour ses enfants et pour toutes les familles croyant encore au rêve québécois. Sa détermination met en lumière des questions cruciales sur l’avenir de l’immigration dans une province cherchant à concilier attractivité internationale et préoccupations internes.