Alors que la région du Sud-Kivu connaît une période de calme sur le front, l’armée congolaise a arrêté, dimanche 9 février, plusieurs dizaines de soldats et de combattants du groupe Wazalendo. Ces derniers sont accusés d’avoir commis des violences contre la population civile, notamment des meurtres et des pillages dans la ville de Bukavu et plusieurs villages du territoire de Kabare.
D’après des organisations locales, au moins neuf personnes ont été tuées vendredi soir dans les localités de Miti et Kavumu. De nombreux pillages ont également été signalés dans plusieurs villages, de Katana jusqu’à Nyangezi. Face à ces accusations graves, les militaires et combattants arrêtés ont été immédiatement transférés à la prison centrale de Bukavu en attendant leur procès, que les autorités souhaitent rapide et exemplaire.
Le gouverneur du Sud-Kivu a demandé que ce procès ait lieu en audience foraine, directement sur les lieux des crimes présumés, afin d’assurer la transparence et de donner un avertissement aux autres soldats. Une enquête a été ouverte pour établir les responsabilités et juger les accusés. Il semblerait que ces soldats revenaient du front, situé à quelques kilomètres des combats contre le groupe rebelle M23, soutenu par l’armée rwandaise.
Le major Nestor Mavudisa, porte-parole de la troisième zone de défense, a affirmé que l’armée congolaise ne tolérera aucun acte d’indiscipline. Des audiences publiques seront organisées pour que ces sanctions servent d’exemple. Le lieutenant général Pacifique Masunzu a également condamné ces actes, rappelant que l’armée doit protéger la population et que ceux qui enfreignent cette règle seront sévèrement punis.
L’organisation citoyenne Lucha a salué la rapidité des arrestations tout en dénonçant la gravité des faits. « Il est inadmissible que ceux qui sont censés protéger la population soient eux-mêmes responsables de ces violences », a déclaré un porte-parole du mouvement. Lucha demande un début immédiat des audiences foraines pour que les coupables soient jugés et sanctionnés sans délai.
Sur le front, un fragile cessez-le-feu est en place entre l’armée congolaise et le M23. Lors d’un sommet en Tanzanie, la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont appelé à une cessation immédiate des hostilités. Les chefs militaires des deux organisations doivent se réunir dans les jours à venir pour discuter des modalités d’application de cet accord. En attendant, la population du Sud-Kivu reste inquiète et dans l’attente de mesures concrètes pour assurer sa sécurité.