Le 16 février 2024, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de crédit du Sénégal, la faisant passer de B1 à B3 avec des perspectives négatives. Cette dégradation fait suite à la publication des résultats du rapport de la Cour des comptes du 13 février, qui a révélé une situation budgétaire plus fragile que prévue. Le pays, déjà dans une situation financière tendue, se voit désormais contraint de faire face à des emprunts plus coûteux.
La note du Sénégal a été abaissée à la lumière des informations révélées par la Cour des comptes sur l’état réel des finances publiques. En particulier, la dette publique du pays a été estimée à près de 100 % du produit intérieur brut (PIB) en 2023, bien au-delà de l’estimation précédente de 65,6 %. Par ailleurs, le déficit budgétaire a atteint 12,3 % du PIB, soit plus du double des prévisions de l’administration sortante. Ces chiffres accablants, associés à une dette bancaire importante contractée hors circuit budgétaire, ont mis en évidence la fragilité de la gestion financière du pays.
Cette dégradation intervient dans un contexte de tensions économiques et financières croissantes au Sénégal. Le pays a longtemps bénéficié d’une image de stabilité économique en Afrique de l’Ouest, mais les problèmes budgétaires qui sont maintenant révélés remettent en cause cette perception. La gestion des finances publiques a été mise en lumière par la Cour des comptes, un organe indépendant chargé de surveiller les dépenses publiques, qui a exposé des pratiques de gestion douteuses et des manquements dans le respect des règles budgétaires.
La dégradation de la note par Moody’s pourrait avoir des conséquences importantes pour l’économie sénégalaise. Le pays devra désormais faire face à des taux d’intérêt plus élevés pour ses emprunts sur les marchés internationaux, ce qui pourrait alourdir sa dette extérieure. Dans un contexte de baisse de l’aide étrangère et de ressources publiques déjà limitées, cette situation risque de compromettre les projets de développement du Sénégal, notamment dans des secteurs clés comme les infrastructures et la santé.
Suite aux révélations de la Cour des comptes, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé qu’il pourrait engager des poursuites contre les responsables de ce qu’il a qualifié de “manquements graves”. Cette déclaration vise à rassurer les citoyens et à démontrer que le gouvernement prend des mesures pour corriger les erreurs passées. Cependant, la réaction politique et la mise en œuvre d’éventuelles réformes seront scrutées de près, car elles détermineront la capacité du pays à restaurer sa crédibilité financière et à renouer avec la stabilité.
L’abaissement de la note par Moody’s s’accompagne d’une crise de confiance, tant sur le plan interne qu’international. Les investisseurs étrangers, désormais plus réticents, pourraient se détourner du Sénégal, ce qui risquerait de freiner les investissements étrangers directs essentiels à la croissance du pays. Le gouvernement sénégalais devra ainsi redoubler d’efforts pour restaurer la confiance, améliorer la gestion des finances publiques et éviter une détérioration encore plus marquée de la situation économique.