Le marché mondial du cacao, après trois années de déficit, devrait connaître un excédent à la fin de la saison 2024/2025, selon les prévisions de l’Organisation internationale du cacao (Icco). L’organisation anticipe un surplus de 142 000 tonnes, contrastant avec un déficit de 441 000 tonnes enregistré durant la saison 2023/2024. Cette évolution devrait mettre fin à une période de pénurie persistante, dont les origines remontent à une production mondiale faible.
L’excédent annoncé par l’Icco serait principalement dû à une amélioration significative de la production mondiale de cacao. L’offre devrait augmenter de 7,8 % pour atteindre 4,8 millions de tonnes. En particulier, les prévisions de production pour la Côte d’Ivoire et le Ghana, les deux principaux producteurs mondiaux, sont particulièrement optimistes. En Côte d’Ivoire, la récolte devrait augmenter de 1,6 million à 1,85 million de tonnes, tandis qu’au Ghana, la production devrait passer de 530 000 tonnes à 600 000 tonnes.
Cette reprise est expliquée en partie par les prix élevés du cacao, qui ont incité les producteurs à investir davantage dans leurs exploitations, notamment dans les pays d’Afrique de l’Ouest, mais aussi en Équateur. Toutefois, cette tendance s’accompagne d’une projection de baisse des broyages mondiaux, estimée à 4,65 millions de tonnes, en raison de la hausse des prix qui pèse sur les coûts des transformateurs et des chocolatiers.
L’annonce de l’Icco intervient après une période difficile pour l’industrie du cacao, marquée par un déficit en 2023/2024, le plus important depuis 60 ans. Depuis plusieurs années, les producteurs ont souffert de conditions climatiques défavorables, de maladies affectant les plantations, et d’une demande plus volatile des transformateurs de cacao. Ces tensions ont conduit à une hausse des prix du cacao, mais ont aussi contribué à une certaine instabilité sur le marché.
Les principaux producteurs de cacao, comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, ont mis en place plusieurs initiatives pour améliorer la productivité, notamment par la modernisation des techniques agricoles et des incitations financières. Cette évolution est essentielle pour assurer une offre suffisante face à une demande croissante, en particulier en Asie et en Europe, où la consommation de chocolat continue d’augmenter.
Malgré ces prévisions optimistes, certains experts demeurent sceptiques quant à la stabilité de la production. George Edward, consultant indépendant, exprime des doutes quant à la fiabilité de la récolte ivoirienne, soulignant des incertitudes liées à la campagne intermédiaire et à son impact sur l’approvisionnement global. D’autres analystes préviennent qu’une reprise durable pourrait encore être incertaine, en raison des défis liés aux conditions climatiques et aux fluctuations des prix du cacao.
Le retour à un excédent pourrait avoir des répercussions importantes pour l’industrie du chocolat. D’un côté, les producteurs de cacao pourraient bénéficier d’une meilleure rentabilité grâce à une offre plus abondante. De l’autre, les transformateurs et les chocolatiers pourraient voir leurs marges se resserrer si les prix du cacao demeurent élevés. Dans ce contexte, les producteurs devront continuer à ajuster leurs stratégies de production et à faire face aux défis environnementaux tout en répondant à une demande croissante.
Le marché mondial du cacao traverse une phase de transition, marquée par un retour à l’excédent après une longue période de déficit. Si certains analystes restent prudents, notamment face à des incertitudes sur la production en Côte d’Ivoire, les perspectives restent globalement positives, avec des investissements accrus et des améliorations dans les principales zones de culture. Le secteur devra néanmoins continuer à s’adapter aux défis mondiaux tout en répondant aux exigences des marchés locaux et internationaux.